“Si quelqu’un tue par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée”. Ce verset tiré du livre d’Apocalypse 13 dans la Bible illustre la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le président de Madagascar, Andry Rajoelina. En effet, arrivé au pouvoir à la faveur d’un intense mouvement populaire, qui avait éjecté son prédécesseur, l’homme d’affaires, Marc Ravalomanana, du Palais Iavoloha, l’actuel président malgache est bien parti pour connaître le même sort. Une pléthore d’ingrédients sont réunis pour son départ.
Depuis plusieurs jours, la Grande Ile est secouée par des manifestations émanant de la jeunesse malgache, laquelle exige un changement de régime. Abandonnée et trompée par celui qui se présentait encore en 2009 comme étant son porte-étendard, elle a conclu qu’il n’avait rien d’autre à offrir, si ce ne sont des promesses interminables et des discours creux. Pensant s’être sauvé en renvoyant son gouvernement, il s’est aperçu ensuite que son propre départ était aussi réclamé (sur notre photo, une manifestation à Tananarive où on voit la présence de l’armée pour l’encadrer).
Année après année, Andry Rajoelina s’est éloigné des Malgaches, devenant indifférent à leurs préoccupations, dont l’accès à l’eau et à l’électricité, car préférant se concentrer sur des projets trop éloignés de leur réalité quotidienne. Le ras-le-bol exprimé dans les rues du pays découle, en partie, de la gouvernance au sein de la Jirama, l’entité nationale chargée de l’eau et l’électricité, mais qui n’est, en réalité, que le pic de l’iceberg symbolisant la faillite de tout un régime.
Ne faisons même pas allusion au chômage ni à la précarité, qui se sont, considérablement, vulgarisés sous la double présidence de Rajoelina, et n’ont fait que renforcer le constat d’échec dans le remplissage des fonctions régaliennes de ses divers gouvernements. Devenu accro au pouvoir, l’ancien maire de Tananarive lorgnait un troisième mandat, avant que la fronde populaire ne décide de couper court à ses fantasmes, et d’acter l’heure de son départ.

Mais, la colère des jeunes Malgaches va au-delà de ces aspects. En effet, même sur le dossier dit fédérateur de la restitution des Iles Eparses, la léthargie du président, Rajoelina, en a choqué plus d’un et rallumé le spectre d’une influence cachée de l’Elysée sur sa personne, du fait de sa nationalité française et de celle de ses proches. En dehors d’une commission mixte créée pour la circonstance, ce dossier n’a pas avancé d’un iota, et ce malgré une légitimité reconnue à l’ONU.
A titre préventif de ce qui pourrait arriver dans les prochains jours, le dirigeant malgache s’est rapproché de l’armée, en nommant un haut gradé au poste de premier ministre. Cette décision traduit ses efforts d’empêcher toute éventualité que les forces armées se joignent à la jeunesse malgache, comme cela fut le cas lorsqu’il cherchait à écarter l’ancien président, Ravalomanana. Ce ne sera pas sa première erreur, mais peut-être sa dernière en tant que chef d’Etat.
Aristide Kone