SOUDAN DU SUD : Vers une paix des cœurs entre les deux frères ennemis Salva Kiir et Riek Machar ?

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Le gouvernement et les rebelles du Soudan du Sud ont signé, dimanche, 5 août, à Khartoum, au Soudan, un accord sur le partage du pouvoir. C’est un document qui vise à mettre fin à la guerre civile meurtrière, qui a ravagé le plus jeune pays du monde, et qui opposait le président de la République, Salva Kiir, à son vice-président devenu chef rebelle, Riek Machar. Après s’être rendu compte qu’il y aura, difficilement, un vainqueur à l’issue des combats, les deux frères ennemis se sont, sagement, assis, sous l’égide de Khartoum, pour signer la paix des braves. Ce qui les contraint à retravailler ensemble, au nom de l’intérieur supérieur du Soudan du Sud.

Après avoir signé cet accord, Riek Machar va intégrer un gouvernement d’unité nationale et devenir premier vice-président.

Il était, déjà, le vice-président de M. Kiir, jusqu’à ce que ce dernier l’accuse en 2013 de fomenter un coup d’état contre lui, plongeant le Soudan du Sud dans une guerre civile meurtrière.

L’accord a été signé, dimanche, 5 août, en présence du président soudanais, Omar el-Béchir, et ses homologues du Kenya, d’Ouganda et de Djibouti, alors que plusieurs diplomates étrangers étaient, également, présents.

A l’issue de pourparlers parrainés par Khartoum, MM. Kiir et Machar sont, déjà, convenus d’instaurer un cessez-le-feu permanent et de retirer leurs troupes des zones urbaines. Les deux camps avaient, également, signé, le 25 juillet, un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir, et pour parachever ce processus, les négociations vont se poursuivre jusqu’à la signature d’un accord de paix définitif.

Le président kenyan, « Uhuru Kenyatta, a décidé que les négociations (pour un accord de paix) vont se poursuivre à Khartoum et non pas à Nairobi », a indiqué dimanche le chef de la diplomatie soudanaise, Al-Dierdiry Ahmed, lors de la cérémonie de signature de l’accord.

Une fois qu’un accord de paix final sera signé, les belligérants auront trois mois pour former un gouvernement de transition, qui sera au pouvoir dans le pays pour une durée de 36 mois.

Selon les termes de l’accord, le gouvernement de transition sera composé de 35 ministres –20 du groupe de Salva Kiir et neuf de celui de Riek Machar, le reste représentant les autres groupes.

Le parlement comptera 550 députés, dont 332 du groupe de Salva Kiir et 128 de celui de Riek Machar.

Outre M. Machar, il y aura, aussi, quatre autres vice-présidents.

Un accord similaire, signé en 2015, avait été violé après une bataille meurtrière à l’issue de laquelle Riek Machar était parti en exil.

La guerre civile dans le plus jeune pays du monde, indépendant du Soudan depuis 2011, a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

Dimanche, 5 août, le chargé d’affaires américain au Soudan, Steven Koutsis, a salué la signature de l’accord. « Nous soutenons toute initiative pour apporter la paix au Soudan du Sud et nous espérons que ce processus va se poursuivre de manière englobante », a indiqué M. Koutsis à des journalistes après la signature de l’accord.

Par le passé, toutefois, les Etats-Unis s’étaient montrés sceptiques face aux chances de succès.

« Un accord étroit entre les élites ne va pas résoudre les problèmes qui affligent le Soudan du Sud. De fait, un tel accord pourrait planter les graines d’un nouveau cycle du conflit », avait mis en garde Washington, en juillet, dans un communiqué, doutant de la capacité des deux dirigeants politiques à instaurer une paix durable dans le pays.

Le conflit au Soudan du Sud a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés (sur une population de 12 millions d’habitants) et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

M. Kiir avait assuré vendredi que les efforts de paix n’allaient « pas s’effondrer ». Mais il a souligné les défis posés par la composition d’un tel gouvernement.

« Cinq vice-présidents, c’est une très grande responsabilité à gérer. Je dois leur fournir le transport, et chacun aura besoin d’un cortège de cinq véhicules peut-être. Où vais-je trouver cela ? », a-t-il lancé.

« Ils ont aussi besoin de maisons, où les trouver. Des bureaux pour qu’ils puissent travailler, où les trouver ? Il y a tellement de choses à faire ».

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