AFFAIRE NATHALIE YAMB : De l’incohérence à la décadence (de la France en Afrique) via le racisme ambiant

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Etre le pays où fut adoptée le 10 décembre 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme dont font partie la liberté d’opinion et la liberté d’expression, et interdire le territoire français à une Africaine qui n’a fait que dire ce qu’elle pense de la politique africaine de la France, est à la fois signe d’incohérence et de décadence.

Ce faisant, l’Etat français donne raison à Abdoulaye Maïga, qui disait le 24 septembre 2022, à la 77e session de l’Assemblée Générale de l’ONU, que « les autorités françaises ont renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières ».

En un mot, la décision des dirigeants français est abjecte car elle donne une mauvaise image de la France. Seuls de petits esprits, des gens médiocres et fébriles, des énergumènes racistes et intellectuellement limités peuvent prendre une telle décision.

Pour les panafricanistes, c’est assurément une victoire car cela signifie que la Camerounaise, Nathalie Yamb (sur notre photo dans l’avion pour se rendre à Sotchi en 2019), a appuyé là où ça fait mal, que la bête a été, sérieusement, atteinte. Eux, les Français peuvent se moquer des Africains, les insulter, leur donner des leçons, mais, les Africains n’ont pas le droit de leur dire la vérité. Pour qui se prennent-ils ?

Si les vérités de Yamb les mettent vraiment en colère, qu’ils quittent l’Afrique et qu’ils n’y remettent plus les pieds. C’est tout ce que leur demande, depuis un bon moment, la jeunesse africaine accusée à tort par Paris d’être manipulée et stipendiée par la Russie de Vladimir Poutine.

Et puis, entre nous, les attaques terroristes que subissent, chaque jour, les populations au nez et à la barbe des forces françaises déployées au Mali, au Niger et au Burkina, les bases militaires françaises dont on ne voit pas bien l’utilité dans certains pays, l’immixtion intempestive des autorités françaises dans nos affaires internes, la misère et le dénuement des populations africaines malgré les nombreuses matières premières dont regorgent les sols et sous-sols africains, le F CFA qui n’est accepté nulle part en Europe, le soutien de Paris à des régimes autoritaires et sanguinaires, le deux poids, deux mesures pratiqué dans l’appréciation des coups d’état, ne sont-ils pas des faits incontestables ? En quoi exposer ces faits est-il une incitation à haïr la France ?

Jean Claude Djereke

est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).

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