La disparition de neuf travailleurs miniers d’origine chinoise en Centrafrique a du mal à passer du côté de Pékin, si l’on s’en tient à la punition réclamée, à juste titre, par Xi Jinping, le président de la Chine. Ces ouvriers ont été retrouvés, mais cette humiliation reste en travers de la gorge des autorités pékinoises.
Au delà de son aspect tragique, cet événement a permis de mettre en évidence la nécessité pour le gouvernement chinois de mieux garantir ses intérêts et citoyens présents dans les zones en conflit du continent africain, en ayant notamment un recours plus accentué à des sociétés spécialisées en matière de sécurité. Car, on a souvent critiqué les Chinois de ne se préoccuper que des bénéfices glanés en Afrique sans donner la moindre importance aux aspects sécuritaires des zones d’exploitation de leur richesse. Bref, il est temps que les entreprises chinoises ne négligent plus l’aspect sécuritaire de leur présence sur le continent africain.
Depuis le lancement en 2013 de l’initiative « La ceinture et la route » et la prévalence croissante du terrorisme en Afrique, la demande pour les services de ces entreprises a considérablement augmenté, les rendant beaucoup plus visibles qu’elles n’ont été habituées, car opérant dans une certaine discrétion depuis plus d’une décennie.
Cette discrétion s’explique par le fait qu’elles ne sont pas autorisées à porter des armes, leur collaboration se faisant essentiellement avec les autorités locales, à qui elles fournissent des renseignements. Mais, en réalité, une telle collaboration ne peut qu’être limitée du fait même de l’insuffisance des capacités opérationnelles des armées africaines concernées.
Officiellement, seules les missions maritimes exposées au risque de piraterie peuvent justifier qu’elles aient fait usage, ou eu accès à des armes à feu.
Les investissements et citoyens chinois en Afrique étant, désormais, ciblés par les attaques terroristes, il est certain que le gouvernement de Xi Jinping (qui vient d’obtenir un troisième mandat de cinq ans à la tête du pays) ordonnera d’ici peu le déploiement d’un plus grand nombre de ces forces de sécurité privée.
Le grand camarade de la Cité interdite n’a pas le choix puisqu’il compte sur l’Afrique et son sous-sol riche en matières premières de toutes sortes pour devenir d’ici une dizaine d’années au plus tard, le président de la principale économique mondiale, devant les Etats-Unis dont la dédolarisation de la monnaie est en phase d’accentuation grâce à l’activisme des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). L’Afrique ne demande pas mieux du moment où elle ne pourrait tirer que des avantages.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)