ALLIANCE  DES ETATS DU SAHEL : Vers une reconnaissance continentale ?

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Julius Maada Bio était au Burkina Faso, le 16 septembre, pour voir Ibrahim Traoré. Il s’agissait de la seconde rencontre entre les deux hommes à Ouagadougou, depuis celle du 8 août 2024, lorsque le dirigeant sierra-léonais assurait la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, et cherchait à s’informer de la situation sécuritaire au Sahel. Cette fois, il s’y est rendu en tant que président de la CEDEAO, afin d’initier le rétablissement d’un dialogue direct entre l’instance ouest-africaine et ses trois homologues de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). 

Le 21 juin dernier, le président nigérian, Bola Tinubu, était très content de ne plus avoir à s’exprimer sur le dilemme relationnel entre la CEDEAO et le Bloc de l’AES. S’étant, dès le départ, mis hors-jeu avec celui-ci, il lui était, tout simplement, devenu impossible de rattraper les erreurs commises. Ayant hérité de la patate chaude, son successeur, Maada Bio, a passé près de trois mois avant d’identifier la meilleure manière d’approcher ledit Bloc, optant, finalement, pour l’intermède du président burkinabè, avec qui le contact existait déjà. 

A en juger par le manque de substance et le langage diplomatique employé dans le communiqué de l’entrevue publié par les autorités sierra-léonaises, cette rencontre tenait plus d’un événement historique que d’autre chose. En effet, elle marquait le timide début de la reconnaissance de l’AES à l’échelle sous-régionale, et portait, surtout, un avant-goût de victoire pour les trois juntes militaires soutenues par leurs populations, depuis la proclamation de leur rupture avec la France d’Emmanuel Macron. Un objectif qui aura pris du temps avant d’être à portée.   

Le courant passe très bien entre les deux chefs d’Etat.

Après l’alignement de la CEDEAO, l’Union africaine (UA) pourrait, aussi, suivre, en raison de la nomination d’Evariste Ndayishimiye au poste d’envoyé spécial de l’UA au Sahel, depuis le mois de juillet. Choisi par Joao Lourenço, le chef d’Etat du Burundi jouit d’une aura suffisamment forte pour bénéficier d’un accueil chaleureux dans chacun des pays de l’AES. Entre dirigeants à double casquette (de présidents et de militaires), la communication devrait être fluide pour aboutir à une reconnaissance de l’AES à l’échelle continentale.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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