ATTAQUES DJIHADISTES AU FASO : La réélection de Roch Marc Christian Kaboré est-elle compromise ?

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A un an et demi de la prochaine élection présidentielle, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, présente un bilan avec des hauts et des bas. S’il n’est pas encore temps d’en faire un, plus exhaustif, on peut tout de même rapidement dire qu’il a réussi à apaiser le pays qui ne recourt plus à des manifestations monstres pour montrer ses multiples désaccords avec le pouvoir comme au temps de Blaise Compaoré. D’autre part, le Burkina Faso est redevenu ce pays « des hommes intègres » qu’il était sous Thomas Sankara, le nouveau pouvoir faisant très attention à la gestion des biens publics. Cela dit, il y a un domaine où il est en train d’échouer : celui de la défense et de la sécurité. Un domaine dans lequel son prédécesseur excellait en savoir-faire. Après trois ans et demi de pouvoir, Roch Marc Christian n’a pas réussi à bâtir une armée capable de défendre les frontières du Burkina Faso contre les nombreuses incursions des djihadistes à défaut de leur offrir le gîte et le couvert pour avoir la paix comme Blaise Compaoré. Un problème de volonté politique car la Mauritanie voisine qui n’est pas plus riche que le Burkina Faso a instauré, elle, une politique qui l’a mise à l’abri des attaques terroristes, ce qui n’est pas le cas du Faso. Au Mali et au Burkina Faso, les dirigeants préfèrent appeler de leurs vœux la montée en force de la Force G5 Sahel que les Occidentaux refusent de financer. La sécurité des Burkinabé est une affaire du président du Faso et non celle de la communauté internationale. Si Roch Marc Christian est incompétent pour assurer cette sécurité à ses compatriotes, il pourrait être sanctionné lors de la prochaine présidentielle car les attaques djihadistes sont le gros point faible de son bilan à la tête de l’Etat.

Une dizaine de militaires ont été tués, lundi, 19 août, au matin lors d’une « attaque d’envergure » de « groupes armés terroristes », dans le Nord du Burkina Faso, a annoncé l’état-major général des armées burkinabè dans un communiqué. Ce bilan semble, d’ailleurs, minoré car certaines sources militaires avancent une vingtaine de soldats tués, voire, plus.

« Au petit matin (lundi), le détachement militaire de Koutougou, province du Soum, a été la cible d’une attaque d’envergure perpétrée par des groupes armés terroristes », a indiqué l’état-major.

L’attaque contre le détachement militaire de Koutougou « a débuté vers 5H00 (locales et GMT). Les assaillants ont effectué plusieurs tirs à l’arme lourde, incendiant une grande partie du camp de base et des engins », a précisé une source sécuritaire. « En réaction à cette attaque barbare, une vaste opération aérienne et terrestre de ratissage a permis de neutraliser de nombreux assaillants », a assuré l’état-major, sans donner plus de détail. 

Jusque-là, la plus grosse attaque djihadiste jamais perpétrée contre l’armée burkinabé avait fait 12 morts, à Nassoumbou, également, dans la province du Soum, en décembre 2016. Une quarantaine d’assaillants, à bord de véhicules pick-up et de motos, avaient attaqué un poste militaire, situé à une trentaine de kilomètres du Mali.

Le Burkina Faso fait face depuis plus de quatre ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières, en particulier, dans le Nord et l’Est du pays, qui ont fait plus de 500 morts.

Les forces burkinabés se montrent incapables d’enrayer les attaques et les djihadistes étendent leur influence sur des zones de plus en plus grandes, tandis que des milliers de personnes fuient les localités ciblées. Le gouvernement, lui, est dépassé par les événements. A cette allure, les djihadistes pourront s’offrir, bientôt, un califat en bonne et due forme, au Nord du Burkina Faso. Rien ne le leur empêche.

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