BLANCHIMENT DE LA PEAU : L’Etat français dit aux populations noires « Attention Danger » !

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Mieux vaut tard que jamais : l’Etat français a, enfin, décidé de s’impliquer dans la lutte contre la dépigmentation volontaire, qui est reconnue comme un enjeu de santé publique.
Qu’est-ce-que la dépigmentation volontaire de la peau ? Quels risques pour la santé ?

Ce sont des produits illicites de blanchiment de la peau.
Les produits cosmétiques dits « éclaircissants », agissent selon différents modes d’action avec comme finalité, la disparition de tâches pigmentaires ou le blanchiment de la surface de la peau. Ils agissent par desquamation, ou bien, en empêchant la synthèse de mélanine (responsable de la pigmentation).

Pour obtenir des effets plus puissants, certains fabricants tendent à introduire dans la formulation des substances interdites car dangereuses pour l’homme (hydroquinone, mercure et ses composés), ou bien, à détourner de leur vocation première des substances actives utilisées dans des médicaments (corticoïdes) et ayant, notamment, comme effet secondaire, le blanchiment de la peau.
Ces pratiques rendent, de fait, illicites et dangereux, de tels produits cosmétiques.
Or, l’utilisation de produits puissants à des fins de dépigmentation volontaire, reste, malheureusement, un phénomène d’ampleur répondant à diverses motivations, bien souvent, encouragées par des publicités ou des effets de mode.

Majoritairement, importés de pays tiers à l’Union européenne, ces produits sont, généralement, vendus dans des magasins spécialisés en produits dits ethniques, dans des épiceries de quartier, sur les foires et des marchés, ou encore, sur internet. Ils se présentent sous forme de crème, de lotion, d’huile, ou encore, de savon.

Les produits de dépigmentation volontaire contenant des substances interdites, principalement, utilisés en Europe et en France par des femmes, font courir à ces dernières, d’importants risques sanitaires.
En effet, dans près de 60% à 70% des cas, ces pratiques provoquent des effets nocifs pour la peau générant des affections de sévérités variables allant de légères brûlures à l’apparition d’eczéma, d’acné, de vergetures irréversibles, d’hyperpilosité ou encore de cas fréquents de fragilisation structurelle de la peau entraînant des difficultés à cicatriser. Pour les cas les plus graves d’application prolongée dans le temps, de produits contenant des quantités importantes de dermocorticoïdes, des cas d’hypertension artérielle, de diabète, ou encore, d’insuffisance surrénale ont pu être répertoriés.
Ces pratiques, largement, médiatisées et dénoncées perdurent, néanmoins, sur des populations, parfois, particulièrement, jeunes, voire, sur des enfants.

Le 1er Avril 2016, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a décidé d’interdire, purement et simplement, toute vente, distribution, et promotion de solutions injectables à base de glutathion à visée de blanchiment et éclaircissement de la peau sur le territoire français et, notamment, également, sur internet car ces produits n’ont pas fait l’objet de demande d’autorisation avant leur commercialisation comme prévu dans le code de la santé publique …
De plus, les effets indésirables de ces injections tels que les nausées, des gènes abdominales et des vertiges ont été signalés par des utilisateurs à des centres anti-poison en France.

Depuis ce matin, 23 mai 2016, c’est au tour de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui relève du ministère de l’Economie, de présenter une liste de produits éclaircissants/dépigmentants interdits sur le territoire français. En 2014, 87 produits ont été déclarés non conformes et dangereux , 29, en 2015, et 36 au 1er avril 2016 (chiffres non définitifs pour 2016 ).

En 15 ans, c’est la troisième fois que l’Etat français sensibilise et attire la vigilance de la population sur les risques de la dépigmentation volontaire, la première alerte ayant été émise en 2011 suivie, également, d’une liste de produits éclaircissants interdits.

Cette nouvelle liste noire récapitule des produits saisis par la DGCCRF, depuis 2015, puis, retirés du marché ; la grande majorité a été rencontrée, à Paris, en région parisienne, mais aussi, en Rhône Alpes, Seine Maritime ou, encore, Martinique et Guadeloupe, selon les services de l’Etat.

Globalement, ces produits contiennent des actifs interdits par la réglementation cosmétique tels que l’hydroquinone, des glucocorticoïdes (proponiate de clobétasol) diproponiate de bétamethosone, fluocinide, du phénol.

De son côté, l’ONG Label Beauté Noire note de nombreuses insuffisances, dans la prise en compte de la pathologie, par le ministère français de la Santé et des Affaires sociales, et souhaite qu’il aille, désormais, plus loin, notamment, dans la prise en charge effective des patients avec la mise en place d’un numéro vert, par exemple, à l’attention des patients et victimes à une échelle nationale.

Les récentes études publiées par 60 Millions de consommateurs, Women in Europe for a Common Future (WECF) ou, encore, UFC Que Choisir, montrent la persistance d’imperfections sur la clarté de certains produits cosmétiques. Une liste de 185 produits a été dévoilée dont 15 à destination des peaux noires, mâtes, métissées.
Ce potentiel risque n’est pas acceptable puisqu’il remet en question la santé et la sécurité des consommateurs, qui sont les fondements d’une cosmétique responsable.

« Aujourd’hui, Label Beauté Noire exige auprès de l’Union européenne une réglementation spécifique permettant d’appréhender facilement la composition des produits ainsi que la traçabilité des composants », précise Isabelle Mananga Ossey, sa fondatrice et porte-parole.

Cependant, l’ONG Label Beauté Noire félicite la maire de Paris, Anne Hidalgo, et son adjoint, Ian Brossat, pour s’être investis, depuis de nombreuses années, à ses côtés, afin de gérer le problème, avec efficacité, dans la capitale, en mettant des moyens conséquents et en, intensifiant, notamment, les campagnes de sensibilisation prévention et  éducation auprès des Parisiens et, aussi, des actions à visées pédagogiques dans les écoles.

L’ONG Label Beauté Noire va, d’ailleurs, lancer, avant la fin de l’année, la sixième campagne dans la capitale, suivie de tout un programme de mesures et d’actions ciblées.

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