BURUNDI : Des ministres mis sous pression

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Le chef de l’Etat du Burundi, Evariste Ndayishimiye, est mécontent (notre photo). Le mois dernier, il a renvoyé le ministre des Finances, du Budget et de la Planification économique, Audace Niyonzima, ainsi que, des fonctionnaires en service chez des gendarmes financiers pour des faits de corruption. En remplaçant Niyonzima par Nestor Ntahontuye, jusque-là, le garant des comptes du Parlement, le président burundais a opté pour une solution de proximité.  

Et il a bien fait, compte tenu des premiers résultats obtenus par le désormais ancien président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. En effet, ce dernier traque les contribuables irréguliers pour boucher le trou de 300 milliards de Francs burundais (97 millions d’euros) créé par eux dans les caisses du Trésor. Selon une annonce de l’Office burundais des recettes (OBR), 615.000 euros ont, déjà, été recouvrés auprès de la société de télécom, Viettel. 

Difficile de faire fi des griefs prononcés à l’encontre d’Audace Niyonzima et de ses collaborateurs du contrôle financier, qui ont été remerciés en fin d’année, et à qui il était reproché d’être inertes face à la hausse de l’inflation, à la pénurie des devises, et à la pénurie de carburant. Mais, le prédécesseur de Nestor Ntahontuye n’est pas le seul à s’être attiré les foudres d’Evariste Ndayishimiye. La ministre du Commerce a reçu une injonction portant sur le niveau des prix.

Marie Chantal Nijimbere est ministre du Commerce, des Transports, de l’Industrie et du Tourisme. C’est un ministère central qu’on lui a confié. Elle devrait se montrer apte pour satisfaire le chef de l’Etat.

Relativement discrète, Marie Chantal Nijimbere a été sommée de ramener de la stabilité sur les prix à la consommation observés. Son patron, le chef de l’Etat ayant menacé le 27 décembre de dissoudre son ministère et de récupérer ses prérogatives si aucune amélioration n’était visible au 12 janvier 2025. Dix jours après cette échéance, le couperet n’est pas tombé. Signe de l’hésitation de la présidence, surtout que l’inflation actuelle est imputable au manque de carburant.  

C’est ce qui se murmure entre les commerçants burundais, qui argumentent que les coûts d’approvisionnement sont une composante indissociable des prix de vente. En d’autres termes, la stabilité des prix ne peut être obtenue sans des coûts d’approvisionnement maîtrisés, d’où la nécessité préalable de régler la question de la pénurie du carburant. C’est ce dilemme qui explique pourquoi le sort de l’actuelle ministre du Commerce n’a pas encore été scellé.

Le ministre de la Fonction publique, du Travail, et de l’Emploi, Venuste Muyabaga, doit présenter un bilan élogieux sur lequel s’appuiera le président lors de la prochaine présidentielle.

Par contre, le ministre de la Fonction publique, du Travail, et de l’Emploi, Venuste Muyabaga, risque, lui aussi, d’apparaître prochainement dans le viseur du chef de l’Etat. Depuis son entrée au gouvernement en octobre 2023, il a concentré ses efforts sur l’assainissement de la gestion publique, négligeant la question de l’emploi des jeunes. Pourtant avec le calendrier électoral qui se profile à l’horizon, un bilan devait pouvoir présenter les actions menées en leur faveur.

Si certains d’entre eux ont accepté de se laisser tenter par la création d’entreprise, d’autres ont préféré attendre en vain que l’Etat leur donne des emplois, et ont fini par être rejoints par 70% de leurs confrères entrepreneurs, comme le montre une étude de la Banque mondiale. De quoi entacher la confiance du président Ndayishimiye en Muyabaga ? On le saura bien assez tôt.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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