Qui prendra en charge les frais de voyage et de séjour des membres du pouvoir qui participeront au dialogue, à Arusha, avec l’opposition, à partir du 21 mai prochain ? C’est une question pertinente car les caisses de l’Etat sont (totalement) vides. Résultat, Pierre Nkurunziza est obligé de faire la manche, depuis que les financements extérieurs sont suspendus dont ceux de l’Union européenne qui couvrent plus de la moitié des besoins de l’Etat. Après avoir fait le dos rond pendant plusieurs mois, le (small) despote commence à plier. Le 2 mai dernier, il avait reproché aux partenaires du Burundi de conduire le pays dans l’abîme, en suspendant leurs financements. La communauté internationale lui a répondu en choeur : Dialogue avec l’opposition.
Dos au mur, il semble entrouvrir la porte dudit dialogue puisque celui-ci pourrait démarrer le 21 mai prochain, à Arusha, en Tanzanie. Mais attention, prudence. Nkurunziza est en train d’y aller contraint forcé. C’est uniquement parce que le Burundi est en faillite.
Après lui avoir octroyé un concours de 20 milliards de F CFA (40 millions de dollars) afin qu’il finance son maintien au pouvoir en corrompant le maximum de dignitaires de son administration, de son armée et du CNDD-FDD, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, surnommé, à Brazzaville, « Monsieur 8% » (score qu’il a réellement fait à la présidentielle du 20 mars), est, lui-même, sur la paille. Sa générosité très calculée est terminée. Il chercherait à vite renouer avec le FMI et la Banque mondiale, mais les portes de ces deux organismes demeurent fermées parce qu’on lui demande, aussi, d’ouvrir un dialogue avec son opposition, ce qu’il refuse, pour le moment, de faire.
Le dictateur de Brazzaville n’étant plus en mesure de soutenir financièrement le petit potentat de Bujumbura, ce dernier s’est dirigé vers José Eduardo dos Santos, qui, bien que frappé, lui aussi, par la chute du baril, est moins en crise que son homologue congolais. Nkurunziza a dépêché deux émissaires, aujourd’hui, à Luanda, pour lui demander de l’aide.
Toute la réflexion des membres du gouvernement va dans le même sens : Comment financer l’Etat malgré la suppression des aides extérieures ? Même le conseil des ministres de mercredi dernier s’y était penché, avec un ordre du jour inhabituel : « Etude de la stratégie d’élimination de la dépendance du Burundi de l’aide étrangère ».
Il n’est pas (trop) tard pour Nkurunziza d’abandonner le pouvoir, tout comme il pourrait ouvrir un vrai dialogue avec son opposition comme le lui demande la communauté internationale. Il a déjà perdu un an à tout le monde.