BURUNDI : Pierre Nkurunziza, le menteur (4 étoiles) dont la parole ne vaut rien

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Président du Burundi jusqu’en 2034, au moins, Pierre Nkurunziza a annoncé, jeudi, 7 juin, qu’il ne sera pas candidat à sa succession en 2020. C’est une surprise de taille pour ceux qui croient encore à sa parole dont la dévaluation est inversement proportionnelle à la catastrophique situation économique actuelle du Burundi. Le pays vient d’adopter une nouvelle constitution qui fait de lui un président à vie. Rien de moins. Une constitution qui est le fait de sa seule et unique volonté. Après l’avoir votée, de peur de coaliser les mécontentements sur le plan international, il commence à mentir, à nouveau. La seule chose qu’il sache faire. Car le mensonge est une spécialité de Pierre Nkurunziza, qui se dit, par ailleurs, pasteur de la secte religieuse « Born Again ». Il avait, déjà, trompé le Conseil de sécurité des Nations-Unies, qu’il n’allait pas se présenter pour un troisième mandat, en 2015. Mais, il s’est représenté malgré le tollé général suscité y compris dans son propre parti, le CNDD-FDD, et a signé sa réélection au terme d’une parodie d’élection qui ne laissa aucune chance à aucun de ses adversaires. Nkurunziza est un très (très) gros menteur à ne jamais prendre au sérieux.

« Notre mandat s’achève en 2020 », a -t-il déclaré du haut de ses 54 ans dans un discours prononcé en kirundi dans la localité de Bugendana (province de Gitega, Centre), devant plusieurs milliers de personnes, les autorités du pays et le corps diplomatique.

Lors de sa réélection controversée en juillet 2015, il avait promis que ce serait son dernier mandat. Mais, comme le voleur ne frappe jamais une seule fois, il a récidivé : « En tant que Guide du CNDD-FDD (parti au pouvoir), je voudrais annoncer que je ne reviendrai pas sur ma parole », a-t-il affirmé jeudi. Les Burundais n’ont pas la mémoire courte, même s’ils se taisent à cause du climat de terreur qui règne dans le pays.

En décembre 2016, il avait annoncé qu’il pourrait se représenter pour un nouveau mandat « si le peuple le demand(ait) », une rhétorique similaire à celle employée par le président du Rwanda voisin, Paul Kagame, réélu en août 2017 après, lui aussi, avoir fait modifier la constitution.

Mais, contrairement au Rwanda, le Burundi, lui, est plongé dans une grave crise politique depuis l’annonce de cette candidature de Nkurunziza à un troisième mandat, en avril 2015.

Les violences qui ont accompagné cette crise ont fait, au moins, 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête. Fuite en avant suprême : Nkurunziza a fait sortir le Burundi de la CPI pour ne plus avoir affaire à cette institution qui ne lui voudrait pas du bien.

L’annonce de jeudi a d’autant surpris tout le monde que Nkurunziza vient de promulguer la nouvelle constitution adoptée le 17 mai par référendum. Constitution concoctée pour devenir un président à vie : l’amour éternel pour le pouvoir.

Cette réforme lui ouvre la possibilité, de briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020 tout en renforçant ses pouvoirs, lui qui est arrivé aux affaires en 2005. Mais, rien n’interdit qu’il fasse adopter d’autres dispositions qui prolongeraient son bail à la tête de l’Etat, maintenant qu’il a laminé son opposition armée et civile.

« La nouvelle Constitution n’a pas été taillée sur mesure pour Pierre Nkurunziza comme le disent nos ennemis », a-t-il déclaré jeudi. Un mensonge de plus, le énième du genre.

« En ce qui me concerne, je me prépare à soutenir de toutes mes forces (…) le nouveau président que nous allons élire en 2020 », a-t-il assuré.

Les promesses de Nkurunziza comptent pour du beurre. Il fait partie des chefs d’Etat africains qui font honte au continent, et qui font qu’il est difficile de donner du crédit aux paroles d’un dirigeant africain : « La parole de Pierre Nkurunziza, un homme qui vient d’enterrer l’Accord d’Arusha et la constitution de 2005, ne vaut rien ! La promesse de partir en 2020 est une vaste blague pour endormir l’opinion », pense avec raison Pancrace Cimpaye, le porte-parole de la principale coalition d’opposition, la Cnared.

Nkurunziza a déjà collecté les fonds pour financer l’élection présidentielle de 2020, en imposant des retenues sur les salaires de tous les salariés du pays et des taxes aux non-salariés. Car il sait que la communauté internationale ne financera jamais une présidentielle à laquelle il est à nouveau candidat. Est-ce la démarche de quelqu’un qui entend abandonner le pouvoir ? Que non ! Nkurunziza n’est qu’un manipulateur. Les Burundais ne le savent que trop bien. Sa seule chance, c’est d’avoir bravé tout le monde, les Burundais, la communauté internationale, mais, il ne bravera pas le Dieu tout puissant qui est vénéré par les fidèles de sa secte religieuse « Born Again » où il prêche comme pasteur pendant ses heures oisives.

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