CENTRAFRIQUE : A quand le retour de la paix et de la sérénité au PK5, ce quartier emblématique de Bangui ?

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Le PK5 est le quartier musulman de Bangui. Il compte plus de 100 000 habitants. C’est le poumon économique de la Centrafrique où transitent tous les produits en provenance du Cameroun voisin, l’une des principales sources d’approvisionnement du pays.

Sa rue principale bordée de nombreuses boutiques et échoppes est l’artère économique la plus dynamique de la capitale. Le marché central du PK5 est celui où traditionnellement les populations à revenus modestes viennent ou venaient faire leurs achats. Les expatriés occidentaux et les touristes s’y rendaient sans  problèmes. 

Les commerces de ce quartier ont toujours baissé les rideaux à la moindre rumeur de coup d’état si bien que les médias et les diplomates restent attentifs aux moindres réactions des commerçants et mouvements du PK5. Lorsque le PK5 s’enrhume, le pays a la fièvre. 

Depuis 2013, il fait régulièrement la Une des médias. Les musulmans du PK5 et de la capitale sont devenus la cible des milices chrétiennes (anti-balakas ) qui les accusent de soutenir la Séléka ( mouvement réclamant de l’islam appuyé par des milices ). Le PK5 est aujourd’hui pour les musulmans de la capitale un refuge et une prison.

Ce quartier est en proie à des violences sporadiques de la part non seulement  des milices chrétiennes, mais également, des milices d’auto-défense censées les protéger qui se comportent, en fait, en véritables mafias. 

Lieu d’affrontements meurtriers entre miliciens de tous bords et commercants, c’est une des zones les plus dangereuses de la capitale. D’un côté, les commerçants ont pris les armes pour s’opposer au rackett des groupes d’auto-défense. De l’autre, les boutiques des commerçants récalcitrants ne voulant pas payer les taxes levées par ces mêmes groupes sont pillées et incendiées par ces derniers. 

La MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies ) et les autorités centrafricaines ont fini par ne plus contrôler le PK5, transformé en zone de non-droit où les rues sont tenues par une myriade de groupes autoproclamés d’autodéfense plus violents les uns que les autres. Les impôts n’étaient plus prélevés par les services de l’Etat.

A la suite des affrontements des 26 et 27 décembre 2019 qui ont fait plus de trente morts, la MINUSCA et la police centrafricaine ont tenté de reprendre la main en recommençant à patrouiller après 20 mois d’absence sur le terrain. Le retour de l’état de droit et la restauration de l’Etat par le rétablissement de l’impôt en particulier sont en cours. 

Le PK5 est le reflet d’une Centrafrique en plein chaos sous la coupe de groupes armés sans foi ni loi, même si la MINUSCA et les FACA (Forces armées centrafricaines) se montrent plus déterminées dans les actions menées contre ces groupes.

Le pape François, lors de sa visite en novembre 2015 en Centrafrique, a tenu à se rendre à la Grande Mosquée du PK5 (sur notre photo ; le futur cardinal centrafricain Dieudonné Nzapalainga est occulté par le cameraman).

Par ce geste symbolique, il reconnaissait le caractère emblématique de l’enclave musulmane. 

Il faut espérer le retour de la paix et de la sérénité dans ce quartier. 

Patrick David 
Docteur en droit

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