CENTRAFRIQUE : Les musiques traditionnelles en danger

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Les trompes des Brotos ( les Brotos sont un groupe de l’ethnie banda au centre du pays ), communément, appelées cors » broto « , sont des instruments d’un genre très particulier. Il s’agit de racines de kapokier ou fromager creusées, évidées par les termites. Elles ont l’aspect d’un tronc de bois épais et boursouflé. Le souffleur colle sa bouche à l’extrémité la plus fine et tient l’instrument de manière transversale. Les souffleurs de trompes obtiennent un grondement sourd. Ce son est accompagné de celui des grelots attachés aux chevilles. Un maître des souffleurs guide les musiciens.

On trouve encore des personnes susceptibles d’enseigner la technique de cet instrument, mais peu se souviennent des chants et des rituels. Traditionnellement, les jeunes garçons brotos, lors de leur initiation, apprenaient à jouer de cet instrument.

Ces trompes étaient utilisées et le sont encore lors des moments forts de la vie de la communauté : cérémonies de mariage, de circoncision, de funérailles …

Néanmoins, les violences qui frappent le pays depuis 2013, menacent l’existence de cet instrument et les rites qui l’entourent.

Beaucoup de trompes broto ont disparu lors des incendies provoqués par les groupes armés.

Les « vieux » qui sont la mémoire du groupe, porteurs de la tradition orale ne peuvent parfois plus transmettre à des jeunes confrontés au climat d’insécurité entretenu par les milices et sollicités par les musiques modernes.

Très heureusement, des bandes magnétiques d’enregistrement existent et ont été préservées. Il reste que la fonction première remplie par cet instrument au service de la tradition a tendance à se perdre.

Les musiques traditionnelles sont les victimes collatérales du chaos et du désintérêt des responsables politiques centrafricains pour la culture.

Une menace plane sur les musiques traditionnelles en Centrafrique. A part des spécialistes, peu de personnes s’en émeuvent.

Or, la préservation du patrimoine culturel immatériel vivant est essentiel pour l’avenir de la Centrafrique.

Patrick David 

Docteur en droit 

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