CENTRAFRIQUE : Pour Jeannette Dethoua, « Le ministère de la  Réconciliation contribue à baisser la tension »

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« Nous avons été, à Kaga Bandoro, à Bambari, et à Bria, les 4, 5 et 6 novembre, dans le but de porter le message, fort, du chef de l’Etat. Nous avons pu discuter avec les ex-Séléka. Nous avons l’impression qu’ils commencent à revenir à la raison. Ils ont marqué leur accord pour participer, au Forum de Bangui, de janvier 2015, mais la méfiance reste. C’est mon travail, en tant que ministre de la Réconciliation nationale, de briser ce mur de suspicion et, croyez-moi, je m’y emploie au quotidien. Quant aux anti-Balaka, ils sont très dispersés, ce qui ne facilite pas la tâche. Mais nous ne nous décourageons pas et sensibilisons leurs groupuscules. Nous pensons que la réconciliation doit se faire sans qu’on nous fasse le reproche de favoriser l’impunité. C’est pour cette raison que, en même temps, nous sommes en train de mettre en place la Commission « Vérité, Justice, Réconciliation et Reconstruction ». Dans notre action, nous privilégions la justice et l’équité. Ce principe éthique suppose une évaluation, juste, des biens détruits avant toute discussion avec les partenaires, afin que nous sachions, exactement, qui a perdu quoi, où, dans quelles conditions. Cette démarche consistera à rassurer la population. La mise sur pied de cette commission est imminente, et pourra être effective, avant la fin du mois de novembre 2014. Par ailleurs, je dois me déplacer, prochainement, dans les pays voisins qui accueillent nos réfugiés, à savoir, le Cameroun, le Tchad, le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo. Nous devons rencontrer les réfugiés pour les mettre en confiance. Ce voyage me permettra d’installer de petits comités, au sein de chaque groupe de réfugiés, dont le but sera de réfléchir à leur retour au pays. Car, c’est, directement, avec eux qu’il faudra travailler pour rendre cette action efficace. Ce voyage me permettra, aussi, de donner la possibilité aux réfugiés de se faire représenter, lors du Forum de Bangui, afin que leurs doléances soient prises, directement, en compte par le Forum. L’Agence nationale des élections (ANE) fera le même travail, en installant les bureaux de vote, au sein de ces communautés réfugiées ».

Le ministère de la Réconciliation nationale fait, aussi, dans la promotion de la culture civique, à travers la sensibilisation, les séances d’ateliers auprès des jeunes. « Au plus tard, le 16 décembre 2014, le rapport du Comité de préparation du Forum de Bangui, sera remis à la présidente, ainsi qu’au médiateur, Denis Sassou Nguesso, afin qu’il choisisse un président du Forum. Je dois, toutefois, avouer que le goulot d’étranglement qui réduit quelque peu notre marge de manœuvre, ce sont les moyens », note la ministre de la Réconciliation, Jeannette Dethoua. D’ores et déjà, l’après-Forum est évoqué : « Il faudra pérenniser les actions décidées. Un président du Comité de suivi des décisions prises lors du Forum, devra veiller à la cohésion sociale, au vivre ensemble, etc. ». Les Comités locaux de paix, quant à eux, devront continuer leur sensibilisation.

Par rapport à la très délicate question de la participation de certains leaders centrafricains, à l’instar de Nourredine AdamFrançois BozizéMichel Djotodia, pour ne pas citer les autres, la ministre de la Réconciliation s’interroge sur l’utilité de leur présence, bien que le Forum revête un caractère inclusif : « S’ils viennent, quelle serait l’atmosphère ? Celle-ci sera différente s’ils se faisaient représenter. Mais, je pense qu’il faudra, bien, réfléchir par rapport à leur participation, en pesant le pour et le contre ».

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