COMORES : Tirs à Moroni après l’arrestation du colonel « Campagnard »

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La capitale du petit archipel des Comores a été secouée, jeudi, 28 mars, par de violents échanges de tirs survenus après l’arrestation d’un des chefs de l’opposition, qui refuse de reconnaître la réélection jugée frauduleuse du président Azali Assoumani.

En début d’après-midi, une fusillade a éclaté autour du camp militaire de Kandani, le plus grand de Moroni.

Selon des sources concordantes, ces échanges de tirs ont opposé la garnison à un groupe d’hommes armés qui venait de faire évader de la prison de Moroni un officier condamné pour tentative de coup d’état contre le régime, le commandant Faissoil Abdou Salam.

Les tirs ont cessé deux heures plus tard.

« La situation est sous contrôle (…), maintenant on s’occupe des blessés », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou dit « Kiki ».

Au moins, un militaire a été blessé. Il n’y a pas eu de mort.

Ces affrontements ont provoqué un début de panique dans les rues de la capitale, qui se sont rapidement vidées. L’accès à la présidence et la résidence du chef de l’Etat a été prestement bouclé par les forces de l’ordre. Le président réélu est en sécurité, lui et toute sa famille.

Ces échanges de coup de feu sont survenus peu après l’arrestation jeudi de l’un des principaux rivaux du président Azali, le colonel, Soilihi Mohamed, dit « Campagnard » (sur notre photo en train de saluer le président Azali Assoumani).

Arrivé quatrième du scrutin présidentiel de dimanche, cet ancien chef d’état-major de l’armée, du reste très respecté, semble-t-il, venait d’annoncer avoir pris la tête d’un « Comité national de transition » afin de « régler la crise post-électorale » et « assurer une transition pacifique ».

« Le scrutin du 24 mars a été une tromperie, une mascarade et une honte, (…) nous allons organiser la résistance », a-t-il poursuivi, exhortant la population à « désobéir civilement » si le vote de dimanche n’était pas annulé d’ici au 3 avril.

A la tête du pays de 1999 à 2006, élu en 2016, le colonel Azali a été reconduit dès le premier tour du scrutin avec 60,77% des suffrages, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale.

L’opposition a hurlé au « hold-up » ou au « coup d’état électoral », dénonçant les « fraudes massives » du camp présidentiel.

Le colonel Soilihi était toujours entendu jeudi après-midi par les gendarmes, selon une source militaire.

« Il s’agit simplement de lui rappeler qu’il y a des textes dans ce pays et que, s’il veut contester les résultats des élections, il doit le faire devant les instances compétentes, pas dans la rue ou ailleurs », a justifié le ministre de l’Intérieur.

Les douze candidats opposés au colonel Azali avaient dénoncé dès dimanche de nombreuses irrégularités dans la tenue du scrutin présidentiel.

L’opposition comorienne a fait savoir qu’elle ne déposerait aucun recours devant la Cour suprême, qu’elle juge inféodée au régime, et exige, elle aussi, la tenue d’un nouveau scrutin « dans les plus brefs délais ».

Le ministre de l’Intérieur a balayé toutes les critiques sur la régularité du scrutin et interdit toute manifestation jusqu’à nouvel ordre. « Ce n’est pas la rue qui va diriger le pays », avait-il assuré lundi.

Jeudi matin, le ministre a ordonné la saisie de La Gazette des Comores, qui a annoncé en « Une » la création du « Conseil national de transition » de l’opposition.

Tout est rentré dans l’ordre et le calme règne à Moroni en de ce début de soirée.

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