Tout est parti du Sommet de l’Union africaine (UA), à Kigali, en juillet, où le dictateur congolais avait oeuvré et manoeuvré, comme il sait le faire, loin des yeux gênants et des oreilles indiscrètes, pour s’offrir la présidence du Comité de haut niveau de l’UA sur la crise libyenne. Il n’avait que deux personnes à convaincre pour s’octroyer ce strapontin : le Rwandais, Paul Kagame, hôte du Sommet et complice de Sassou dans bien de dossiers, et le Tchadien, Idriss Déby Itno (avec son épouse Hinda et le couple Sassou le 26 janvier à Brazzaville), qui présidera l’UA jusqu’à lundi, 30 janvier, matin.
Selon certaines indiscrétions, le dictateur était (fortement) passé à la caisse, pour arroser les fonctionnaires de l’organisation panafricaine chargés de faire les « Go Between ». Voilà comment il est devenu président de cette instance, en novembre, lors de la première réunion de ce Comité convoqué, à Addis Abeba, par Idriss Déby Itno. A Alger et au Caire, on n’a pas caché que c’était un scandale car Sassou Nguesso n’aurait ni la carrure, ni l’épaisseur suffisante, pour représenter l’Afrique dans ce difficile conflit libyen. Les Egyptiens vont même jusqu’à dire que le Congo-Brazzaville ne disposant pas d’armée digne de ce nom, est inapte à résoudre les questions ayant trait au conflit libyen, qui est aussi bien politique que militaire. Les Algériens, eux, pensent que le Congo ne connaît ni djihadisme, ni fondamentalisme, et donc, c’est aux pays qui vivent cette triste expérience au quotidien de s’occuper de la question libyenne.
Voilà pourquoi Algériens et Egyptiens sont à la tâche pour tirer la couverture libyenne à eux. Ils y associent, avec succès, la Tunisie, un autre pays d’Afrique du Nord, fortement, ébranlé par le terrorisme (libyen et proche-oriental).
Le « Sommet » de Brazzaville du 27 janvier était, donc, un non-événement pour Alger et Le Caire. Le président égyptien, Fattah al-Sissi, ne pouvait pas y participer, tout comme, le premier ministre algérien, Sellal, annoncé, volontairement, (à tort) pour divertir l’opinion. Il n’avait, jamais, été question qu’il y participe. La preuve : même le ministre algérien des Affaires étrangères n’y a pas participé. Par courtoisie, Alger y a envoyé son ministre chargé des Affaires maghrébines, pour éviter les qu’en dira-t-on. Quant à l’Egypte qui n’a pas non plus trouvé utile d’y dépêcher son chef de la diplomatie, c’est un fonctionnaire de haut rang qui a représenté le pays des Pharaons.
Côté belligérants, l’homme fort qui contrôle la moitié de la Libye avec l’essentiel de sa production pétrolière, le maréchal, Khalifa Haftar, n’a pas fait le déplacement. Pas de solution en Libye sans lui. Il a déjà choisi son camp : c’est Alger et Le Caire. Mais par courtoisie, il avait, bien avant le 27 janvier, envoyé son conseiller, rencontrer le dictateur, à Brazzaville, afin de ménager les susceptibilités.
Conclusion : au total, on a parlé du conflit libyen, le 27 janvier, à Brazzaville, sans Haftar, sans Sellal, sans al-Sissi, pour ne citer que les incontournables dans ce dossier. Que pouvait, dès lors, accoucher une telle rencontre ?
Après l’épisode Trump où le président congolais a fait ridiculiser l’Afrique, devant la terre entière, voilà qu’il récidive en cherchant à s’accrocher au poste de président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye. La réalité est ailleurs : Sassou-Nguesso pense résoudre, de cette façon, ses gros soucis de politique intérieure, grâce au dossier libyen qui tient toute la communauté internationale à coeur. Ces soucis de politique intérieure sont, d’une part, les opposants (Mokoko et Okombi) qui l’ont, correctement, battu à la présidentielle de mars, mais, qu’il a mis en prison (de force) pour les contraindre au silence (car trop populaires), et, d’autre part, le pasteur Ntoumi qui s’est réfugié avec sa bible et un carré de fidèles dans une grotte du département du Pool, fuyant les 10.000 soldats que Sassou a lancés à leurs trousses, depuis huit mois.
Ainsi va la vie dans la démocrature de Sassou-Nguesso, qui se maintient à la tête du Congo, uniquement, par la seule force des armes.