CONGO-BRAZZAVILLE : Deux de ses rejetons font perdre le sommeil au dictateur 5 étoiles

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Après avoir signé avec le FMI au terme d’une longue et harassante négociation de deux ans, Denis Sassou-Nguesso, risque de ne pas souffler, avant de se lancer dans la campagne en vue de sa réélection, en mars 2021. Car en fait, il sera candidat à la prochaine élection présidentielle qui pourrait même, selon certaines indiscrétions, être anticipée. Cette fois, ce n’est pas lui-même qui est mis, directement, en cause (encore que), mais, deux de ses enfants qui siègent à l’Assemblée nationale. Et pour cause, ces derniers sont accusés de détourner massivement les fonds publics.

Sassou est, finalement, très fort. Il montre, tous les jours, à son opposition (du moins ce qui en reste) que 33 ans passés au pouvoir sans partage à la tête du Congo, ça se mérite. Ce n’est pas donné à n’importe qui. Un exemple : comme un jeu, il a réussi à mettre sous son éteignoir le jeune président français (sur qui comptait – à tort – une partie de l’opposition congolaise en région parisienne), tout comme il était parvenu à faire changer d’avis son prédécesseur, François Hollande, alors qu’il était, ainsi que, son entourage, viscéralement, contre lui. Comment fait-il pour réussir de telles prouesses en se permettant même de mettre en prison ceux qui lui tiennent tête sans que cette situation n’émeuve personne au Congo et à l’international ? A-t-il, définitivement, endormi les Congolais ?

On n’est donc pas étonné que ce soient les ONG qui soient les seules, aujourd’hui, à donner le ton et à répliquer. On découvre alors que le mal est très profond et que trop c’est trop : le dictateur (5 étoiles) a, déjà, contaminé sa progéniture, ce qui explique la levée de bouclier des ONG.

Une plateforme d’organisations de la société civile du Congo-Brazzaville a exigé, samedi, 17 août, la levée de l’immunité parlementaire et l’ouverture d’enquêtes contre deux députés, fils et fille de Denis Sassou-Nguesso, accusés de détournements de fonds publics. « La plateforme de la société civile pour la défense des droits humains et la démocratie exige la levée de l’immunité parlementaire des députés Denis Christel Sassou-Nguesso et Claudia Sassou-Nguesso (notre photo) pour mener une enquête parlementaire et permettre l’ouverture d’une enquête judiciaire », indiquent les ONG dans une déclaration lue devant la presse. »La plateforme se réserve le droit de déposer plainte contre les deux présumés criminels économiques ».

Le 6 août, l’ONG britannique, Global Witness a, dans un rapport, accusé Denis Christel Sassou-Nguesso, 44 ans, d’avoir détourné à son profit plus de 50 millions de dollars (30 milliards de F CFA) de fonds publics en 2014. « Au total, en 2014, les entreprises détenues par Denis Christel Sassou-Nguesso ont reçu près de 50,5 millions de dollars qui auraient été détournés des comptes du Trésor congolais », a écrit l’ONG britannique spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles. Et l’ONG d’enfoncer le couteau dans la plaie : « Le véritable propriétaire du réseau chypriote d’entreprises qui a reçu les 50 millions de dollars du Trésor congolais était Denis Christel Sassou-Nguesso ». « Six pays européens différents dont les Iles Vierges Britanniques et l’Etat américain du Delaware, ont été impliqués dans ce qui s’avère être une manoeuvre de blanchiment d’argent », a précisé Global Witness.

Selon une autre enquête de Global Witness publiée en avril, sa grande-sœur, Claudia Lemboumba Lepandou née Sassou-Nguesso, 47 ans, aurait reçu près de 20 millions de dollars (12 milliards de F CFA) de fonds publics apparemment détournés et utilisés pour l’achat d’un appartement de luxe dans le Trump Hotel & Tower à New York.

La déclaration de cette plateforme d’organisation de la société civile a été lue samedi, 17 août, à Brazzaville, au cours d’un point de presse donné par Trésor Nzila, directeur de l’OCDH. Trésor Nzila avait été interdit de sortir du Congo, en mai dernier, quand il a tenté de prendre un avion Air France pour se rendre à Paris. Ainsi va la vie dans le pays du dictateur 5 étoiles, candidat à sa propre succession (qu’il prépare déjà) en mars 2021.

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