Les Congolais ont, largement, boudé, dimanche, 25 octobre, le référendum sur un projet de constitution ouvrant la voie pour 2016 à une nouvelle candidature du président, Denis Sassou Nguesso, qui a, déjà, passé plus de 30 ans au pouvoir. A peine 10% des électeurs, ont voté, reconnait-on dans certaines chancelleries de Brazzaville. Beaucoup de bureaux sont restés fermés dans la partie Sud du pays. C’est un échec, ce vote.
Groupés en plusieurs coalitions, les opposants au chef de l’Etat avaient appelé à boycotter ce qu’ils ont qualifié de « coup d’état constitutionnel ».
« Je crois que [le mot d’ordre] a été suivi », a déclaré Guy Brice Parfait Kolelas, un des chefs de file de l’opposition au référendum, alors qu’il est, toujours, assigné à résidence à Brazzaville, par les mercenaires étrangers et la garde présidentielle de Sassou Nguesso, au même titre que Me Jacques Alexandre Bouboutou et le vice-président du Conseil économique et social du Congo.
Pour Paulin Makaya, qui a, beaucoup, mobilisé avant le vote pour le « NON », c’est le succès total de l’opposition, qui a montré que « Sassou ne représentait que lui-même et son clan de voleurs dans le pays ». « Les Congolais sont restés chez eux. Même la distribution des billets de 5.000 F CFA (20.000 F CFA à Pointe-Noire) n’a pas marché. Même en demandant aux Congolais de voter avec leur carte d’identité, leur permis de conduire ou tout autre document ayant leur photo, les gens sont restés chez eux », assène-t-il.
Sassou saura-t-il tirer les conséquences de ce gros échec ? Rien n’est moins sûr. Comme tout bon marxiste-léniniste pur et dur qui ne dévie pas de sa trajectoire, il affichait, déjà, hier soir (voir les images sur afriqueeducation.TV), un sourire, mais, un sourire bien jaune car il sait que le vote l’a mis à nu devant le Congo et la communauté internationale. Abdoulaye Bathily, le représentant de Ban Ki-moon, présent à Brazzaville, a bien vu que les électeurs avaient massivement boudé les urnes.
Reste maintenant à transformer l’essai, avance-t-on dans les états majors politiques de l’IDC-FROCAD et de la société civile (UPC-FRD). La désobéissance civile avec le mot d’ordre (villes mortes ou pays mort) va se poursuivre et s’intensifier, Sassou ne se pliant qu’aux seuls rapports de force.
Au sein de l’armée, ce n’est plus l’unanimité. Certains officiers commencent à s’écarter des généraux et colonels (corrompus) qui continuent de suivre, aveuglement, le président de la République alors qu’il conduit, droit, le pays vers l’abîme. La guerre civile.
Un seul exemple mais il y en a d’autres : malgré la demande pressante de Sassou, on a refusé de bourrer les urnes à l’Académie militaire de Brazzaville.