Denis Sassou-Nguesso, dans son propre entourage, est considéré comme un esprit maléfique. Dans la diaspora congolaise de France, beaucoup le qualifient carrément de « Satan » version humaine. Parce qu’il n’hésite pas à faire du mal, gratuitement, pour sa satisfaction personnelle, uniquement. Il souhaite être le centre de l’Afrique, ce qui explique que chefs d’Etat, émissaires, diplomates défilent à Oyo, son fief natal. Objectif : s’entourer de soutiens de haut niveau car il redoute déjà l’avenir, après avoir passé 40 ans au pouvoir à verser le sang des Congolais. Qui tue par l’épée périra par l’épée, lit-on dans la Bible, Matthieu, 26-52.
A l’occasion des 60 ans des relations diplomatiques entre la Russie et le Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso a effectué une visite de 4 jours en Russie où il s’est fait décorer par le président, Vladimir Poutine. Mais pour quitter Brazzaville, il a pris le soin de mettre dans les 80 personnes qui formaient sa délégation, au moins, un représentant très proche au niveau familial, de ceux dont les rumeurs courent qu’ils voudraient faire exploser son avion en plein vol. Pour prendre le pouvoir. Ainsi, si un tel drame survenait, les familles concernées seraient aussi endeuillées . Il y a aussi eu, au moins, 20 figurants dans la délégation qui n’assurent, officiellement, aucune fonction connue. Les inconnus peuvent se recruter dans la catégorie, des sorciers, des mystiques, des ordres, essentiellement.
Sassou est allé voir Poutine qui ne demandait pas mieux par ces temps qu’il traverse, pour assurer ses arrières. Quand on est Sassou-Nguesso, c’est-à-dire, fortement dépendant de l’Occident, donc, de la France qui l’avait remis au pouvoir en 1997 au terme d’une ruineuse guerre civile qui avait détruit la moitié de Brazzaville (essentiellement les quartiers Nord), il faut une sacrée dose de courage pour aller s’afficher avec Poutine au Kremlin.
La guerre des clans risque d’être ruineuse après lui. Dans son cercle immédiat, il hésite à trancher. Alors que tout le monde voyait son neveu, Jean Dominique Okemba (JDO pour les intimes ; vice-président ou demi-dieu pour les détracteurs) lui succéder, on a l’impression que le dictateur aurait (dans son for intérieur) choisi son fils, Christel Denis Sassou-Nguesso (dit Kiki le Zaïrois) du fait de l’appartenance de sa génitrice au Congo d’en face. Ce n’est pas tout car il y a, également, le général barbu et quelques autres.
Pour promouvoir le fiston, Sassou lui a confié une fonction de représentation (Ministre de la Coopération internationale) qui le met en orbite du fait de ses nombreuses rencontres avec les partenaires étrangers. C’est très malin de l’avoir fait pour Kiki sauf que, à malin malin et demi. Cela est vu d’un très mauvais œil.
Comme il se croit toujours malin plus que tout le monde (alors qu’il ne l’est pas), il a couru voir l’autre dictateur de Kigali, qui va se faire réélire pour un quatrième mandat le 15 juillet, après avoir balayé toutes les candidatures susceptibles de lui faire de l’ombre pendant cette élection. Les compères ont fait une sorte de troc sur le dos du peuple congolais : « Je te donne les terres que j’ai chez moi a gogo et pour lesquelles tu mènes une guerre au voisin d’en face et tu me protèges en cas de pépin ou alors mon fils quand je ne serai plus là et qu’il m’aura succédé », tel semble être le deal qui fait que les Rwandais se sentent chez eux au Congo-Brazzaville. Connaissant les méthodes de Kagame, le Congo est en train d’être infiltré jusqu’au haut niveau de l’Etat. Le calcul tout raisonnement fait vaudrait bien la peine, pense le dictateur d’Oyo : il se sait partant alors qu’une présidence à vie se trame à Kigali. Et si cela ne suffisait pas, il y aurait toujours l’ami Poutine (un autre président à vie) avec qui il vient de signer des accords militaires à Moscou.
Voici quelques extraits du discours lénifiant prononcé le 27 juin par le dictateur congolais devant son homologue russe non moins dictateur lui aussi : « La Russie n’a pas seulement établi des relations avec le Congo. C’était avec l’Afrique. C’est ici (en ex-Union Soviétique, ndlr) que les peuples africains ont trouvé le ressort, les capacités de résistance à la colonisation et pour leur libération. Les peuples d’Afrique sont reconnaissants jusqu’à aujourd’hui pour cela. Nous pouvons aussi dire que cette lutte continue sous des formes diverses, différents mais elle continue puisque les peuples d’Afrique sont toujours en lutte pour leur libération effective. Merci donc Monsieur le Président, mes chers amis, de nous apporter ce soutien. Cette visite, ici, se déroule dans un contexte international complexe. Un moment où votre pays, votre peuple, éprouve du courage, de la résilience, face aux sanctions très difficiles qui sont imposées à votre pays, à la suite du conflit qui oppose votre pays à l’Ukraine et peut-être à d’autres. Donc nous voulons vous féliciter, le peuple russe, pour ce courage, cette résilience. Mais c’est au moment des grandes épreuves justement que nous devons resserrer les liens et avancer. C’est donc avec ce sentiment que nous sommes venus pour discuter la meilleure manière de faire avancer la coopération entre nos deux pays dans tous les domaines de l’économie, de la finance, de la défense, de la sécurité, oui on en a besoin de sécurité aujourd’hui dans un monde difficile. Monsieur le Président, voici en quelques mots comme pour commencer » (fin du discours improvisé de Sassou et applaudissements, et puis, médaille accrochée sur sa poitrine par Vladimir Poutine pour le renforcement de la coopération entre la Russie et le Congo).