COP 26 à Glasgow : Le véritable problème n’est pas abordé (c’est-à-dire le droit à s’industrialiser comme les pays du Nord)

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La COP 26 a enregistré, jeudi, 4 novembre, plusieurs engagements sur les énergies fossiles, principales causes du changement climatique, mais, avec de grands absents alors même qu’une étude avertissait que les émissions de CO2 sont quasiment revenues à leurs niveaux records d’avant Covid.  Au moins, 19 pays, parmi lesquels de grands investisseurs comme les Etats-Unis ou le Canada, et des institutions financières se sont, ainsi, engagés à mettre un terme d’ici la fin 2022 au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles sans techniques de capture de carbone.

« Investir dans des projets d’énergie fossile laissés tels quels comporte de plus en plus de risques sociaux et économiques », écrivent les signataires dans une déclaration commune.

Les nations du G20 s’étaient accordées, tout récemment, pour cesser de soutenir les projets de centrales au charbon à l’étranger. Mais, le plan annoncé, jeudi, 4 novembre, inclut, pour la première fois, gaz et pétrole, et promet de réorienter cet argent vers des énergies renouvelables.

En langage compréhensible par tous, à partir de l’année prochaine et au plus tard, début 2023, les pays occidentaux et leurs institutions financières et bancaires, ne seront plus autorisés à soutenir la prospection gazière ou pétrolière dans le monde. Parce que ce sera interdit. A la place de ces investissements qui sont supposés accroître le réchauffement climatique, 15 milliards de dollars seront disponibles pour assurer la promotion des énergies propres. Ce plan a-t-il des chances de réussir ? Est-il simplement réaliste ? Est-il juste et honnêtes ? Rien de tout ça.

Les pays, généralement, en voie de développement dont la plupart sont des monoproducteurs (de pétrole ou de gaz) se verraient, donc, interdire d’accéder aux ressources qui les font vivre. Pour avoir quoi concrètement en retour ? On comprend aisément la réticence des pays comme la Chine, la Russie, le Brésil, et même l’Inde, qui sont sur une voie d’industrialisation de leur économie, laquelle industrialisation passe, nécessairement, par des industries fossiles (notre photo qui affiche  la parfaite entente entre les présidents chinois et russe). Comme hier dans les occidentaux. Accepter les directives de la COP 26, c’est mettre la croix sur le programme d’industrialisation des quatre pays concernés, et c’est accepter que les pays du Nord, déjà, industriellement dominateurs, gardent leur suprématie sur le plan technologique grâce à laquelle ils régentent le monde entier depuis au moins deux siècles. C’est inacceptable pour la Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde dont les dirigeants n’ont pas daigné se déplacer à Glasgow. Et on les comprend.

D’autre part, les pays du Nord ne se sont pas montrés beaux joueurs en détachant l’Afrique du Sud des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) à qui on va allouer 8 milliards de dollars, peut-être un peu plus, pour accélérer sa transition écologique. L’industrialisation de l’Afrique du Sud est essentiellement basée sur le charbon. A la COP 26 où les Occidentaux ont le dernier mot, on divise pour mieux régner en soustrayant l’Afrique du Sud du bloc anti-G7, à savoir, les BRICS, qui furent constitués il y a quelques années dans le but de contrebalancer l’influence des sept pays les plus industrialisés du monde.

Xi Jinping et Vladimir Poutine savent exactement là où ils veulent aller. Malgré les vociférations des participants à la COP 26 dont l’Américain Joe Biden.

En réalité, Glasgow est un marché de dupes. Un exemple : l’Afrique qui ne produit que très peu de gaz carbonique, a bénéficié (dans les discours) de 100 milliards de dollars de promesses d’aides, il y a deux ans, pour lui permettre d’assurer le début de sa transition écologique. Mais ces 100 milliards de dollars promis à partir de 2020 ne le seront au mieux des cas qu’à partir de 2023. Entretemps, on interdit aux investisseurs du Nord de financer la prospection des énergies fossiles dans les pays concernés. Et la forêt du Bassin du Congo qui est le deuxième poumon mondial après l’Amazonie en terme d’absorption des gaz polluants, ne va bénéficier que d’une misère pour sa réforestation : moins de 900 milliards de F CFA (environ 1,5 milliard de dollars).

La question essentielle que tout le monde élude est la suivante : Les pays du Nord veulent-ils, par tous les moyens, y compris écologiques, conserver leur avance industrielle sur le reste du monde ? Car, tel est le principal enjeu de ces négociations de Glasgow, c’est pourquoi il y a eu de gros absents.

Les pays non industrialisés et surtout africains (en dehors même de la Chine, de la Russie, du Brésil et de l’Inde) ne sont pas prêts à respecter n’importe quel diktat. Certes, il faudra réduire le réchauffement climatique, mais surtout, il faudra éviter de freiner l’essor industriel des pays en voie de développement. Sinon, on continuera d’assister à un dialogue de sourds.

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