COREE DU NORD/RUSSIE : Le « leader bien aimé » (Kim Jong-un) chez le grand-frère Poutine jeudi

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Le Kremlin a confirmé, mardi, 23 avril, une rencontre très attendue entre Vladimir Poutine et Kim Jong Un, organisée, jeudi, 25 avril, à Vladivostok, en Extrême-Orient russe, à un moment où Pyongyang cherche de nouveaux soutiens internationaux dans son bras de fer avec le bouillant président américain, Donald Trump. Avec à ses côtés, le Chinois, Xi Jinping, et Vladimir Poutine, le « leader bien aimé » saura, plus que par le passé, faire face au tumultueux locataire de la Maison Blanche qui lui demande de désarmer sans contrepartie véritable.

Conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov a indiqué aux journalistes que le président russe rencontrerait le dirigeant nord-coréen, jeudi, à Vladivostok, avant un déplacement à Pékin pour un autre sommet.

« La rencontre sera centrée sur la résolution politico-diplomatique du problème nucléaire dans la péninsule coréenne », a indiqué Iouri Ouchakov, ajoutant que la Russie comptait « soutenir » toute évolution « positive » en la matière.

L’agence officielle nord-coréenne, KCNA, a, déjà, annoncé, mardi, que M. Kim allait « prochainement effectuer une visite en Russie à l’invitation » du président Poutine.

L’attente autour de ce sommet n’a cessé de grandir depuis que le Kremlin a annoncé la semaine dernière que les deux chefs d’Etat se retrouveraient en Russie « dans la deuxième moitié du mois d’avril ».

A Vladivostok, important port russe sur le Pacifique situé à quelques centaines de kilomètres, seulement, de la frontière avec la Corée du Nord, des drapeaux russes et nord-coréens étaient, déjà, hissés dans les rues en prévision du sommet.

Iouri Ouchakov a précisé que le sommet bilatéral commencerait par une rencontre entre les deux chefs d’Etat avant qu’elle ne prenne « un format élargi », sans fournir d’autres détails. Ni communiqué commun, ni signature d’accords quelconques ne sont prévus, a-t-il ajouté. C’est bien fait pour Donald Trump qui croit régenter le monde entier.

Selon l’agence de presse Ria Novosti, qui cite une source au sein de la société des chemins de fer russe, le train blindé utilisé par Kim Jong-un pour la plupart de ses déplacements internationaux doit arriver à la gare de Vladivostok à 18H00 locales (08H00 GMT), mercredi.

Le président, Vladimir Poutine, exprimait depuis longtemps sa disponibilité pour une poignée de main avec le leader nord-coréen, qu’il n’a, encore jamais, rencontré. Ce sera fait jeudi devant les caméras du monde entier.

Il s’agira du premier sommet entre les chefs d’Etat des deux pays depuis que Kim Jong-il — le père du dirigeant nord-coréen au pouvoir — a rencontré Dmitri Medvedev, l’actuel premier ministre russe alors président, il y a huit ans.

La Russie entretient, de longue date, des relations (plutôt amicales) avec Pyongyang, lui fournissant, notamment, de l’aide alimentaire. Une main-d’oeuvre nord-coréenne bon marché d’environ 10.000 travailleurs, source précieuse de devises pour Pyongyang, est, aussi, employée en Russie.

La rencontre de Vladivostok intervient moins de deux mois après un deuxième sommet entre Kim Jong-un et le président américain, Donald Trump, organisé à Hanoï et qui s’est achevé sans accord sur le sort de l’arsenal nucléaire nord-coréen. Et encore moins sur l’aide en vue de la relance de l’économie de la Corée du Nord.

Après une année 2018 marquée par un spectaculaire rapprochement entre les deux Corée et un premier sommet historique entre Kim Jong-un et Donald Trump, la détente apparaît en effet de plus en plus fragile, dans la foulée du fiasco de Hanoï. Un fiasco imputable à Donald Trump, selon les Nord-Coréens, qui veut tout avoir sans rien donner en retour. Le « leader bien aimé » lui a signifié une fin de non recevoir, lui montrant qu’il n’avait, nullement, peur de ses vociférations.

Conséquence : Kim Jong-un cherche plus de soutien international face à Washington. Il a rencontré le président chinois, Xi Jinping, à quatre reprises, en l’espace d’un an. Depuis mars 2018, il a, aussi, rencontré, trois fois, le président sud-coréen, Moon Jae-in, et une fois, le président et chef du Parti communiste du Vietnam, Nguyen Phu Trong. Un autre camarade beaucoup plus discret.

Moscou prône un dialogue avec Pyongyang sur la base d’une feuille de route définie par la Chine et la Russie. Cette dernière a, déjà, demandé la levée des sanctions internationales contre la Corée du Nord, tandis que les Etats-Unis l’ont accusée d’aider Pyongyang à violer certaines sanctions.

Le meeting de Vladivostok semble, aussi, avoir été discuté avec Washington : Iouri Ouchakov a rencontré, la semaine dernière, Fiona Hill, une conseillère de Donald Trump pour les négociations sur la Corée du Nord.

L’émissaire américain pour la Corée du Nord, Stephen Biegun, était en Russie en même temps pour des discussions avec des responsables russes.

Les relations entre Pyongyang et Moscou remontent à l’ère soviétique : l’URSS a placé le grand-père de Kim Jong-un et fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 1948, Kim Il-sung, au pouvoir en Corée du Nord et lui a apporté un soutien crucial durant la Guerre Froide.

Kim Jong-un aurait dû se rendre à Moscou, en mai 2015, pour les 70 ans de la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, mais, il y avait renoncé quelques jours avant.

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