La mutinerie est terminée. Bien bien terminée. Alassane Ouattara (ancien banquier devenu président de la République) a, enfin, accepté de payer. Il a fini par trouver de l’argent (quelque part) pour respecter ses promesses. La République est, donc, sauve. La vie va reprendre son cours. On a besoin de dire Ouuufff !!!
« On a trouvé un terrain d’entente. On va retourner en caserne. C’est terminé », a affirmé le sergent Cissé Fousseni, un des porte-parole du mouvement à Bouaké (Centre), coeur du mouvement de mutinerie.
Un autre porte-parole mutin, le sergent Sidick, a ajouté que l’accord était « secret défense ». Mais dans l’entourage des mutins, on indiquait qu’ils avaient obtenu la pleine satisfaction de leurs revendications avec le paiement de 5 millions de F CFA (7.500 euros) payés tout de suite et 2 millions en juin. On se souvient que jusqu’à dimanche, le gouvernement jurait ne pas avoir un sou pour payer ces primes.
Lundi soir, le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, avait annoncé avoir trouvé « un accord » (après la reprise de la mutinerie), mais sans en préciser les modalités.
Fidèle à sa ligne de conduite depuis le début d’année, le gouvernement ne devrait pas communiquer sur le contenu de l’accord qui porte sur le paiement de reliquats des primes promises après les premières mutineries de janvier. Ici, c’est la logique du banquier qui va primer : l’argent n’aime pas le bruit. On va payer les mutins en silence, ni vu ni connu.
« On est contents, ça fait cinq jours qu’on ne dort pas », a poursuivi le sergent Sidick. « Les mutineries, nous mêmes, on n’en veut plus. Les mutineries, ça s’arrête là. Mais on n’avait pas le choix pour se faire entendre » autrement.
« On a eu ce qu’on voulait. Point final! », a ajouté un autre mutin.
A Bouaké, les mutins ont abandonné le corridor Sud d’entrée de la ville aux policiers qu’ils avaient chassés vendredi.
« Ils nous passent le relais avec bon coeur », assure le policier Eugène Koffi, en maniant la herse d’entrée. « On va tenir le corridor comme avant. La sécurité va revenir comme avant ».
A Abidjan, le quartier des affaires du Plateau était encore loin d’avoir retrouvé son activité habituelle. Beaucoup d’employés et de travailleurs étaient restés à la maison comme le leur avait conseillé leurs employeurs avant l’annonce d’un accord. Les banques ont toutefois décidé de rouvrir à la mi-journée.
A Bouaké, la vie reprenait aussi, la plupart des boutiques étaient ouvertes et les grands axes étaient pleins de monde, contrastant avec le désert des jours précédents.
Une fois n’est pas coutume : On peut dire Félicitations à Guillaume Soro qui a eu le courage de dire qu’il fallait négocier avec ces « jeunes gens », et non envoyer des soldats loyalistes leur tirer dessus. Ce qui, d’ailleurs, n’arrangeait rien.
Tout est bien qui finit bien. La Côte d’Ivoire ne va pas être ruinée pour une soixantaine de (petits) milliards de F CFA qu’elle va sortir de ses caisses, alors que la reprise d’une guerre civile du fait du non-paiement des mutins, aurait, considérablement, appauvri, à nouveau, le pays. C’est, donc, dire qu’il s’agit d’un accord gagnant-gagnant, qui devrait réjouir le président de la République. Car pour la première fois depuis cinq jours, il va, enfin, dormir profondément.