COUPS D’ETAT AU TCHAD ET AU MALI : Un peu de cohérence Messieurs les chefs d’Etat

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Les militaires maliens, mécontents du nouveau gouvernement annoncé par les autorités de transition, ont procédé, lundi, 25 mai, à l’arrestation du président de la transition, Bah Ndaw, et du premier ministre, Moctar Ouane. C’est un coup d’état dans un coup d’état puisque la période de transmission démarrée en août 2020 suite au coup d’état des colonels, devrait prendre fin avec des élections de février 2022.

C’est un sérieux revers pour le Groupe de soutien à la transition au Mali (GST-Mali), dont sont membres les pays à influence négative comme la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara.

Ces événements sont survenus quelques heures seulement après l’annonce d’un nouveau gouvernement, que dominent toujours les militaires, mais dont ont été écartés des officiers proches de la junte dont Assimi Goïta est le chef.

La junte, qui a pris le pouvoir en août 2020, s’est engagée à organiser des élections libres en 2022. Jusque-là, si rien ne change car en fait, beaucoup de choses peuvent changer.

L’homme fort du pouvoir malien, le colonel, Assimi Goïta, a indiqué, mardi, 25 mai, avoir déchargé de leurs prérogatives le président et le premier ministre de transition, coupables, selon lui, de tentative de « sabotage ». Les raisons de son deuxième putsch sont les suivantes : « Dans la foulée et de façon unilatérale, le président de la transition (Ba Ndaw) a accepté la démission du gouvernement et reconduit le premier ministre avec pour mandat d’aller à la formation d’un nouveau gouvernement. La conséquence a été une consternation générale marquée par la persistance des grèves de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), dont l’issue est finalement une grève illimitée. Cet état de fait constitue une véritable asphyxie de l’économie malienne et partant, la garantie d’une instabilité aux conséquences incommensurables », a-t-il souligné. Et de poursuivre : « Dans les démarches de constitution d’un nouveau gouvernement, le premier ministre nouvellement reconduit a établi une liste de gouvernement en accord avec le président de la transition sans concertation avec le vice-président en charge des prérogatives à lui conférées par la charte, à savoir, la défense et la sécurité ». Le colonel, Assimi Goïta, a conclu : « Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition, contrairement, au serment prêté lors de son investiture, le 25 septembre 2020 » (fin de citation). Voilà donc la raison formelle.

Mais, il y en a une autre qui est de fond, dont l’homme fort de Bamako ne parle point (publiquement) : le deux poids deux mesures de tous ceux qui imposent leurs propres vues au Mali. Le Tchad vient de connaître exactement la même situation : l’éviction (assassinat) du chef de l’Etat (Idriss Déby Itno) et son remplacement illico presto de la manière la plus inconstitutionnelle qui soit, par son fils, le général, Mahamat Déby Itno. Ici, on nous explique qu’il ne s’agit pas d’un coup d’état en bonne et due et forme. Et que même s’il s’agissait d’un coup d’état, la position centrale du Tchad dans la lutte contre le djihadisme au Nord-Mali et dans la zone des trois frontières (où ce pays maintient des troupes) et son encerclement par les mouvements de rébellion divers comme Boko Haram dans le Lac Tchad et ceux qui fleurissent au Sud de la Libye et à la frontière avec le Soudan, font que pour ce qui concerne le Tchad, les principes de l’Union africaine en cas de coup d’état, ne s’appliquent pas. Mais a, plutôt, cours le réalisme qui dicte le maintien de la junte à la tête de la transition. Cela a été refusé au Mali qui est le pays concerné par ce terrorisme que vient combattre le Tchad. Une telle danse du ventre que personne ne comprend plus, est-elle rendue possible parce que la France l’a demandé à l’Union africaine que préside un ressortissant tchadien, Moussa Faki Mahamat ? L’est-elle à la demande des pays francophones surtout d’Afrique de l’Ouest où Paris exerce encore une influence ? Les protestations des pays de l’Afrique australe n’ont pas fait reculer l’UA qui viole, sans raison valable, ses propres textes, sans se soucier des qu’en dira-t-on.

La junte malienne se rappelle donc au bon souvenir des dirigeants africains dont la maturité politique, et l’indépendance d’esprit, laissent à désirer. Ou cette junte aura gain de cause en ce sens que le colonel, Assimi Goïta, deviendra le président de la transition comme Mahamat Déby Itno l’est au Tchad. Et cette fois, sans la contestation de personne et il y aura une cohérence entre les situations du Mali et du Tchad. Ou bien on indiquera au Tchad, comme le lui demande la société civile et une partie de l’opposition politique, de désigner un président de la transition civil en lieu et place du général Mahamat Déby Itno.

On ne saurait dire assez merci au colonel Assimi Goïta de porter haut les contradictions de la politique d’Emmanuel Macron au Tchad, et celles de l’UA et des pays d’Afrique de l’Ouest, qui ont, aveuglement, suivi les demandes de Paris alors qu’ils devraient respecter leurs propres textes qu’ils se donnent démocratiquement et sans contrainte.

Sommaire du numéro 497 de juin 2021.Sommaire du numéro 497 de juin 2021.

Le numéro 497 de juin 2021 est en vente à partir de vendredi 4 juin chez les marchands de journaux.

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