TRANSITION AU MALI : Assimi Goïta président à part entière (tout comme Mahamat Déby Itno au Tchad)

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Les chefs d’Etat de l’Afrique australe vont bien rigoler, eux, qui avaient soutenu, sans être entendus, que l’Union africaine (UA) ne varie pas sur ses principes ayant trait au respect de la démocratie, comme le vent du désert peut changer de direction à chaque occasion. Personne ne les avait écoutés. Et pour cause ! Emmanuel Macron, le président français, était là pour convaincre le président de la Commission de l’UA, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, qu’il fallait tenir compte de la situation particulière du Tchad afin qu’on lui applique des principes sur mesure. Macron n’a, non plus, eu du mal à convaincre les chefs d’Etat d’Afrique francophone dont le président en exercice de l’UA, le RDCongolais, Félix Tshisekedi, qui doit se mordre les doigts aujourd’hui. D’être considéré comme un président girouette. Le colonel, Assimi Goïta, à qui on avait appliqué la règle dans toute sa rigueur, a fini par mettre tout le monde d’accord, en prenant tout son pouvoir comme celui-ci fut octroyé à Mahamat Déby Itno, sur un plateau d’argent au Tchad. Et cette fois, Alassane Ouattara n’aura plus le courage de faire la leçon à Assimi Goïta. Une fois de plus, on retiendra que le Français, Emmanuel Macron (au nom des seuls intérêts français), aura imposé sa position  du reste suicidaire à tout un continent de 54 pays. L’Afrique n’en est pas fière, d’être dirigée par des chefs d’Etat pantins ou bénis oui oui. Quelle honte !

A l’origine de ce deuxième putsch (en neuf mois), une tentative du président, Ba N’Daw (avec un discret soutien d’Emmanuel Macron), de mise à l’écart des militaires maliens jugés pro-russes.
Barkhane tournant en rond sans prendre le dessus sur les djijhadistes, Assimi Goïta avait fini par demander de l’aide à Vladimir Poutine, qui a accepté.
Cette aide comprend pas moins de 2.000 conseillers militaires russes et un soutien logistique important, comme en Centrafrique. Seule exigence de Poutine : que le président de la transition, Ba N’Daw, signe tout comme Assimi Goïta, ce qui devait convaincre Moscou que les deux têtes de l’exécutif vibraient au même diapason.

Arriva alors le Sommet économique France – Afrique du 18 mai, auquel était convié le président de la transition, Ba N’Daw. A Paris, il déballa tout devant Emmanuel Macron, qui piqua une grosse colère et lui ordonna d’écarter tous les militaires pro-russes embarrassants. D’où le remaniement.
De retour à Bamako, le président, Ba N’Daw, en élève obéissant, dissout le gouvernement et reconduit son premier-ministre. Ce dernier, comme l’avait exigé Macron, lui proposa un gouvernement dans lequel des militaires proches d’Assimi Goïta furent écartés. Un crime de lèse-majesté !
C’était la première étape. Mais, les choses ne devaient pas en rester là.
La deuxième étape consistait à les mettre aux arrêts et refermer cet épisode, pour la continuité de la Françafrique au Mali.
Comme les militaires maliens ne sont pas dupes (comme ceux de Côte d’Ivoire par exemple), Assimi Goïta et ses hommes sont allés mettre aux arrêts le président de la transition et son premier-ministre, avant de les conduire au camp de Kati. Là bas, ils ont, volontairement, signé leurs lettres de démission. Démocratiquement. Pour avoir vendu leur âme au diable.
Ce qui se joue, actuellement, au Mali, c’est une autre phase de la rivalité russo-française comme en Centrafrique.

Docteur Choguel Maïga du M5Dr Choguel Maïga nouveau premier ministre issu des rangs du M5.

Le chien aboie la caravane passe : dimanche, 30 mai, les chefs d’Etat de la CEDEAO vont se réunir, à Accra, sous la présidence de Nana Akufo-Addo, après le constat d’échec de Goodluck Jonathan, le médiateur de la crise malienne, qui vient d’effectuer trois jours de mission à Bamako couronnés d’échec : malgré la présence du médiateur nigérian, la Cour constitutionnelle a désigné Assimi Goïta comme le nouveau président de transition du Mali.

Comparaison n’est pas raison certes. Mais cela dit, Assimi Goïta bénéficiera des mêmes prérogatives de chef d’Etat que son jeune homologue tchadien, le général, Mahamat Déby Itno. Désormais, on ne parlera plus de deux poids, deux mesures.

Pour le compte du M5, Assimi Goïta et ses (dynamiques) camarades de l’armée malienne, viennent de désigner Docteur Choguel Maïga au poste de premier ministre, chef du gouvernement.

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