DJIHADISME AU SAHEL : Au Mali, au Niger et au Burkina, on ne veut plus de Barkhane

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Depuis mardi, 16 novembre, un convoi de l’armée française en provenance du Mali et qui traverse le Burkina Faso en direction du Niger a du mal à progresser et a même été bloqué, vendredi, 19 novembre, par des manifestants anti-français, à Kaya, à 100 km au Nord de Ouagadougou. C’est depuis, jeudi, 18 novembre, soir, que les jeunes de la ville de Kaya, dans la région du Centre-Nord, manifestent pour demander le départ des troupes françaises du Burkina, refusant de laisser passer ce convoi militaire français qui doit rejoindre le Niger.

En effet, dans sa progression, le convoi avait été stoppé une première fois à l’entrée de Bobo-Dioulasso, puis, à l’entrée de Ouagadougou dans la nuit de mercredi.

« Drapeau national, pancartes portant des écriteaux « A bas la France », « Ici, c’est chez nous. Dégagez », « Repartez chez vous »… Ce sont ces slogans qui ont accompagné l’incendie du drapeau tricolore, jeudi, vers 15h », a rapporté l’Agence d’information du Burkina (AIB).

Pour le moment, les médiations du secrétaire général de la région (SGR) du Centre-Nord, Robert Zoungrana, du secrétaire général de la province (SGP) du Sanmatenga, Laurent Kontogom, du représentant du maire de Kaya, des policiers et gendarmes, qui escortent le convoi, sont restés sans effet. Les manifestants sont restés intraitables et refusent de laisser passer le convoi. Les manifestants se comptent en plusieurs milliers et la foule gonfle d’heure en heure (notre photo).

C’est la première fois qu’un convoi français est bloqué au Burkina Faso par des manifestants qui soupçonnent la France d’équiper les groupes terroristes. Une accusation entendue au Mali, puis, au Burkina Faso, enfin, au Niger. Cette mobilisation a été initiée par des membres de la Coalition des patriotes du Burkina Faso (COPA-BF), qui exige l’indépendance « totale » de l’Afrique et le départ de la France coloniale et de la Françafrique.

Au Niger où ce convoi se rend, les choses ne sont pas plus calmes. Quatre organisations syndicales des travailleurs du Niger ont appelé, jeudi, 18 novembre, au retrait, sans conditions, des forces étrangères stationnées dans leur pays.

Dans une déclaration, ces associations réunies au sein de l’intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN) ont déploré que la présence des bases militaires de la France, de l’Allemagne et des Etats-Unis dans le pays n’aide pas enrayer la menace terroriste devenue récurrente ces derniers mois.

 » Aujourd’hui, les Nigériens s’inquiètent et se demandent pourquoi les forces en présence au Niger sont incapables d’endiguer ce phénomène de déstabilisation du Niger » , ont-elles déploré, ajoutant que « les Nigériens sont de plus en plus convaincus que les vrais ennemis du Niger et son peuple ne sont autres que l’Etat français, ses partenaires et ses valets locaux ».

Par conséquent, les quatre organisations exigent « le départ sans condition de toutes les forces d’occupation illégalement installées pour que l’Etat du Niger, au nom de sa souveraineté, puisse diversifier ses partenaires en matière de défense ».

Ces derniers mois, les attaques meurtrières se sont multipliées au Niger. Les dernières en date sont celles perpétrées dans les régions de Tillaberi et de Tahoua, avec 69 morts à Banibangou, 16 morts à Ayorou et plus d’une dizaine à Tillia. Le président, Mohamed Bazoum, qui a promis lutter contre le terrorisme n’y arrive pas plusieurs mois après son investiture. Au contraire, les choses s’aggravent alors que la France se dit être à ses côtés plus que jamais. La preuve, c’est l’implantation de la Base militaire française à partir du matériel venu du Nord-Mali. Mais, tout çà pour quel résultat ?

Les autorités nigériennes viennent d’inaugurer à Tillia (Ouest), près de la frontière avec le Mali, un centre d’entraînement de ses forces spéciales pour lutter contre les groupes djihadistes.

La progression bloquée.Les manifestants exigent le retrait total de l’armée française en Afrique au nom de l’indépendance des Etats africains concernés.

Selon une source sécuritaire, le centre pour former des forces spéciales nigériennes, a été construit grâce au soutien de l’Allemagne. Plusieurs autorités dont le ministre nigérien de la Défense, Alkassoum Indatou, le chef d’état-major des armées, le général, Salifou Modi, et l’ambassadeur d’Allemagne au Niger, Hermann Nicolaï, ont pris part à cette inauguration.

« Le centre d’entraînement des forces spéciales du Niger est pour nous un projet phare. Le Niger l’avait proposé et nous, par conviction, nous avons soutenu ce plan« , a déclaré à la télévision l’ambassadeur allemand. Selon le ministre de la Défense, « la création de ce centre s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance des unités de commandement des opérations spéciales.

Dans sa lutte contre les djihadistes armés, le Niger bénéficie du soutien de plusieurs pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis qui y ont des bases militaires, l’Allemagne y disposant d’une base logistique. Face aux attaques djihadistes, le Niger a décidé de porter les effectifs de son armée de 25.000 hommes actuellement à « au moins 50.000 » dans les cinq prochaines années.

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