C’est comme si un côté Hosni Moubarak sommeillait en Abdel Fattah al-Sisi. Après avoir remplacé Anouar el-Sadate, en 1981, suite à son assassinat, Hosni Moubarak avait, littéralement, confisqué le fauteuil de chef de l’Etat jusqu’en 2011, où il se faisait, régulièrement, élire par le parlement qu’il contrôlait totalement. C’est le Printemps arabe qui l’a surpris et fait partir. Après la parenthèse Mohamed Morsi à la tête de l’Etat, un frère musulman proche de la Turquie et du Qatar, l’armée à travers le général, Abdel Fattah al-Sisi, a pris le pouvoir, en 2014, pour rassurer le peuple contre les dérives dictatoriales de Morsi qui devenaient inquiétantes : il dirigeait l’Egypte comme une secte des Frères musulmans. Après avoir eu un début de pouvoir mouvementé, al-Sisi a réussi à stabiliser la situation. Maintenant, il met le cap sur le changement de la constitution qui lui permettrait de rester au pouvoir jusqu’en 2030. Au moins. Car quand on s’approchera de 2030, il trouvera moyen de prolonger son bail à la tête de l’Etat. La démarche est classique en Afrique. En imitant ses homologues du Sud-Sahara, le président égyptien n’invente pas le fil à couper le beurre.
Le parlement égyptien a voté, mardi, 16 avril, en faveur de la prolongation de la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi jusqu’en 2030, selon le journal d’Etat, Al-Ahram, et la télévision publique, Nile TV.
« Le mandat actuel du président doit se terminer au bout de six ans », stipule l’amendement voté par le parlement mardi, avant de préciser : le président « peut être réélu pour un autre mandat » de six ans. Le parlement égyptien compte 596 élus dont l’écrasante majorité soutient le maréchal au pouvoir.
Le vote du parlement doit encore être suivi d’un référendum, qui devrait être organisé dans les prochains jours. Mais ce ne sera qu’une formalité, le pouvoir de Sisi devant organiser ledit référendum.
La campagne pour ce référendum a, déjà, commencé avec de nombreuses banderoles déployées dans les rues du Caire depuis plusieurs jours.
La révision constitutionnelle doit, également, accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l’exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l’armée, pilier du régime.
Pour rappel, Abdel Fattah al-Sisi avait été élu en 2014 pour un mandat de quatre ans, puis, réélu en 2018 pour la même durée. Avec la nouvelle constitution, la durée du mandat passera à six ans.
D’où la question de savoir si le maréchal-président est un dictateur en puissance (sur notre photo avec Donald Trump en mai 2017) ?