ETATS-UNIS/TCHAD : La diplomatie de deux poids deux mesures de Mr Joe Biden

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Joe Biden, le président des Etats-Unis d’Amérique, mène une politique diplomatique incohérente à l’endroit du Tchad. C’est du moins le constat flagrant, qui ressort des actes posés par son gouvernement au cours de ces derniers mois, notamment, la fuite hors du pays minutieusement organisée par le Pentagone de l’opposant au régime en place, Succès Masra, d’une part, et l’invitation à la Maison Blanche du président tchadien de la transition, Mahamat Idriss Déby, au deuxième Sommet Etats-Unis/Afrique de mi-décembre 2022, d’autre part.

En organisant la tuerie du 20 octobre 2022 et en s’en prenant ouvertement à l’opposition, Mahamat Idriss Déby déclarait au monde entier son intention de convertir sa transition au pouvoir en pouvoir permanent. Consternées par ce qu’elles n’ont pas voulu voir venir, les puissances occidentales, surtout, les Etats-Unis, ont réalisé qu’il fallait, impérativement, faire sortir du pays leur candidat démocrate de choix, le leader de l’opposition, Succès Masra, dont la vie ne tenait plus qu’à un fil. C’est ainsi que l' »Opération Moses » a dû être mise en place, faisant concourir l’ambassade américaine au Tchad, afin de rendre possible l’exfiltration de Succès Masra vers le Cameroun, avec pour destination finale le pays de Oncle Sam.

Aujourd’hui, le concurrent direct de Mahamat Idriss Déby peut remercier Joe Biden, même s’il a découvert quelque temps plus tard, avec surprise, que la Maison Blanche avait invité le chef de l’Etat du Tchad à participer au Sommet Etats-Unis/Afrique, qui se tenait dans la capitale américaine du 13 au 15 décembre 2022 (notre photo). Il n’en fallait pas plus pour que le ministre tchadien des Affaires étrangères, le bouillant, Mahamat Saleh Annadif, saute sur cette opportunité, pour évoquer une « victoire diplomatique », la brandissant comme une preuve de l’approbation par Biden du régime militaire tchadien en place. Comment donc expliquer qu’aucun des autres présidents des nations africaines en transition, telles que le Mali, le Burkina Faso ou la Guinée, n’aient pas été conviées à ce rendez-vous alors qu’ils sont à la tête des régimes putschistes et anti-démocratiques comme Mahamat Idriss Déby du Tchad ? L’Union africaine, actuellement, présidée par un Tchadien, est très bien placée pour dire qui respecte ses normes démocratiques et qui ne les respecte guère. Or, selon le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le Tchad perpétue son coup d’état avec le refus du président de transition de respecter les conditions de la transition en s’imposant comme candidat à la prochaine élection présidentielle. Mahamat Idriss Déby Itno sera à la fois juge et partie pendant cette élection.

Habituée à se présenter comme le défenseur mondial de la démocratie, Washington montre par son attitude qu’elle est en totale contradiction avec son idéologie politique vis-à-vis de l’Afrique. On a là un bel exemple de dire publiquement une chose mais de discrètement faire son contraire.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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