FRANCE-AFRIQUE : Vers la restitution en Afrique des biens culturels détenus dans les musées français ?

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Dans ses heures de lucidité, le jeune président français avait (bien) annoncé vouloir mettre en œuvre d’ici cinq ans des restitutions temporaires et définitives des biens culturels africains qui font le rayonnement des musées français. C’était quelques mois après son accession au pouvoir. Joignant la parole à l’acte, il avait nommé la Française, Bénédicte Savoy, et, le Sénégalais, Felwine Sarr, deux sommités en matière d’art, avec pour mission de réfléchir au retour de ces œuvres d’art en Afrique. Les deux rapporteurs sont restés, rigoureusement, scientifiques, sans succomber aux pressions des lobyys françafricains qui ont toujours fait que tout change sans que rien ne bouge. En Afrique, il n’existe pas un conservateur de musée ou de galerie d’art qui ne souhaite pas le retour des biens culturels africains spoliés, et qui font, aujourd’hui, les beaux jours des espaces culturels français ou autres. Emmanuel Macron a, donc, eu l’excellente idée de proposer cette voie du retour, mais encore faudrait-il qu’il tienne parole, maintenant où ses deux rapporteurs lui demandent de le faire.

Pour Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, on restitue quand il y a eu vol, pillage, spoliation, etc. et, logiquement, il doit y avoir réparation, restauration. Sans jeu de mots, il n’est pas excessif de parler, ici, de « Biens Mal Acquis ». Ceux-ci doivent être restitués, soit, par une décision politique (celle d’Emmanuel Macron), soit, par une décision de justice grâce à une loi votée au parlement favorisant un tel retour.

Croisons les doigts pour que le président français ne change pas d’avis. Il en serait capable. On se souvient qu’avant même son élection, lors d’un déplacement à Alger, en février 2017, celui qui n’était alors que candidat à l’élection présidentielle avait déclaré vouloir réconcilier des « mémoires concurrentes ». La colonisation fut « un crime, un crime contre l’humanité, une vraie barbarie », avait-il déclaré en réponse à une question, avant de poursuivre : « Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et de ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes ». Ses propos avaient provoqué des réactions scandalisées de responsables politiques de droite et d’extrême droite. Depuis, le jeune président français ne les assume plus sans qu’on puisse dire qu’il les a, totalement, reniés : la politique de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine va-t-elle être appliquée au retour en Afrique des biens culturels africains ?

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