FRANCE-MAROC : Emmanuel Macron et Mohammed VI partenaires ou concurrents en Afrique ?

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Le président français, Emmanuel Macron, est arrivé, ce mercredi, 14 juin, à Rabat-Saleh, pour une visite de deux jours pendant lesquels il sera impossible d’épuiser les sujets. Il y en a tellement : de la lutte anti-terroriste à la crise du Golfe (Le roi du Maroc qui s’entend bien avec l’émir Tamim Al-Thani lui a envoyé un avion de vivres pour contourner le blocus alimentaire imposé par l’Arabie saoudite), mais aussi, la relance du fameux dialogue Europe-Méditerranée-Afrique, que ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande, n’ont pu mener à bien. Au regard de la situation qui prévaut en Algérie, et surtout, en Tunisie, sans même parler de la Libye, c’est le Maroc sur qui peuvent reposer les espoirs français, s’il doit être relancé. Cependant, le Maroc et l’Algérie peuvent-ils devenir compatibles pour les beaux yeux des Français et des Européens ?

Accompagné de son épouse, Brigitte, Emmanuel Macron a été accueilli, personnellement, par le roi à l’aéroport de Rabat-Saleh (notre photo), avant d’être convié avec son épouse à la rupture du jeûne du Ramadan, en la résidence personnelle de Dar al Salam de Mohammed VI.

Si on ne sait pas, exactement, ce que le président français dira sur la question du Sahara occidental, on sait, par contre, que les deux hommes d’Etat vont parler de la Libye. Emmanuel Macron hérite, là, d’un véritable boulet laissé par Nicolas Sarkozy. Et c’est à ce niveau qu’il faut rappeler le mauvais jeu que le Qatar avait joué (aux côtés des Français et d’autres) pour déstabiliser la Libye et assassiner son leader, le colonel Kadhafi dont la présence à la tête du pays, apportait, plutôt, de la stabilité dans cette sous-région de l’Afrique. Avec son assassinat, la Libye est devenue, aujourd’hui, un Non-Etat (ce qui ne devrait pas rendre les Français fiers avec leurs alliés du Qatar) car l’Afrique en est devenue sérieusement malade et déstabilisée. Pour preuve : le Sommet du G5, le 2 juillet, à Bamako. La France pourra-t-elle indemniser l’Afrique pour corriger ces dégâts qu’elle a provoqués ?

Aujourd’hui, certains milieux occidentaux avancent la nécessité d’une partition de la Libye pour favoriser une solution durable. Qu’en pensent les deux chefs d’Etat sachant que les Africains, eux, n’ont jamais soutenu l’émiettement de leur continent. Ils veulent plutôt l’unité continentale en une seule entité une et indivisible.

Le Maroc est un partenaire très important en Afrique au Sud du Sahara où ses entreprises ont tendance à damer le pion aux entreprises françaises. Dans presque tous les domaines : transport aérien, télécommunications, banques, eau, santé, défense et sécurité, éducation et formation y compris des imams, etc. Bref, entre Paris et Rabat, c’est beaucoup plus la concurrence que le partenariat. Cela dit, face à la perte de vitesse considérable de la France en Afrique, notamment, dans le secteur économique, la France pourrait solliciter un partenariat avec le Maroc comme celui qui a été initié (sous Hollande) avec la Chine. Comme les Africains courent, tous, en Chine, les entreprises françaises vont y fabriquer leurs produits avant de les déverser sur le marché africain. Pas bête. Mais à dire vrai, les Chinois ne sont pas trop séduits par cette approche.

Avec le Maroc, qui est une plaque tournante, la France pourrait s’en servir pour donner un second souffle à ses entreprises en Afrique. A condition que ce soit un partenariat gagnant-gagnant.
Mais, ce n’est pas en 48 heures (même pas) que les deux chefs d’Etat pourront proposer la copie définitive d’une telle ambition. Disons qu’ils commencent juste à se connaître. En l’invitant dans sa résidence, c’est pour faire ami ami avec le président français. En réponse à ce signe d’amitié, Brigitte et Emmanuel Macon ont bien revêtu la djellaba, preuve que dans le pays des dattes, on sait mettre les petits plats dans les grands, pour faire plaisir à un ami stratégique.

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