FRANCE-NIGER : Le ridicule ne tue plus

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La politique étrangère de la France en Afrique est un véritable échec. Afrique Education ne cesse de le marteler depuis des années. Si les dirigeants de l’Hexagone avaient fait preuve de réalisme, les maux de tête que la Diplomatie française connaît aujourd’hui auraient pu être évités. Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, porte une grosse part de responsabilité. Car, même si la montée du sentiment anti-français remonte au discours méprisant de l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, à Dakar, l’actuel locataire de l’Elysée est, bel et bien, celui sous qui la débâcle de la Françafrique aura été la plus grande.

En effet, si l’on peut concéder au président français que les retraits successifs de ses troupes armées au Mali et au Burkina Faso sont, en partie, liés à l’influence grandissante de la Russie en Afrique, le départ de l’armée française qui se profile dans les mois à venir du Niger sera le coup de trop pour le camp présidentiel. Parce qu’au delà des sanctions financières et de la volonté de rétablir au Niger un pouvoir constitutionnel, la France sera dans l’obligation de revoir l’intégralité de sa politique étrangère en Afrique. Peu importe ce qu’il adviendra de la situation nigérienne.

D’ailleurs, les partis d’opposition en France ont, déjà, pris les devants pour exiger des comptes au président, Emmanuel Macron. Qu’il s’agisse du bouillant patron des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, qui critique le fait que le redéploiement de Barkhane au Niger ait été décidé sans débat politique. Ou des députés socialistes, Boris Vallaud et Valérie Rabault, qui, dans une lettre adressée à Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement, demandent à être impliqués dans le processus d’engagement des forces armées françaises à l’étranger, comme le prévoit la loi, l’Elysée ne pourra pas, cette fois, pas éviter le sujet (sur notre photo, Elisabeth Borne, Emmanuel Macron et Catherine Colonna : à quand une véritable politique africaine) ?. 

Après, l’ultimatum fixé par la CEDEAO au général, Abdramane Tchiani, et à ses hommes, certainement suite à l’insistance de la France, les autorités au Burkina Faso et le Mali se sont déclarées solidaires de leurs consœurs du Niger. Un geste dirigé à l’endroit de l’Etat français qu’Emmanuel Macron a correctement analysé puisqu’il a aussitôt fait organiser le rapatriement volontaire de ses concitoyens présents dans la nation du Sahel, par mesure de prudence.

A cause de son poids historique dans l’Occident, la France a toujours eu l’habitude de faire ce qu’elle veut en Afrique sans rendre compte à personne. La situation nigérienne est un appel à un changement radical de ce mode opératoire. Lequel de ses partenaires occidentaux l’aidera à voir la réalité en face ? Ou plutôt préfèrent-ils tous la regarder continuer à se couvrir de ridicule devant le monde entier ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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