GABON : Entre Sarko et BOA, ce n’est plus le grand amour

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Lors d’une interview accordée à Afrique Education, en 2001, le patriarche avait affirmé que le président français de l’époque, Jacques Chirac, était son ami. Et quels que soient les hauts et les bas de leur amitié, il le resterait.

C’est vraiment la fin d’une époque. Celle où la colère du patriarche faisait défiler, à Libreville, des sommités politiques françaises, pour lui demander « pardon ». Il y en avait de toutes les couleurs politiques : de la droite, de la gauche, et même, de l’extrême-droite, parfois.

Bongo Ondimba Ali (BOA) ne n’est pas inscrit sur cette ligne. Il dit connaître quelques « soucis » avec Paris pour avoir rompu avec la Françafrique.

Ce qui est sûr et certain, c’est qu’entre lui et Nicolas Sarkozy (notre photo prise en 2010 à Franceville où on aperçoit la maman du président portant un t-shirt à l’effigie des deux présidents), ce n’est plus l’entente cordiale. Sarkozy prend plus facilement, aujourd’hui, la destination de Brazzaville que celle de Libreville. S’ils en sont arrivés là, ce n’est certainement pas à cause de l’ancien président français.

En marge d’une manifestation, à Doha, fin 2012, à laquelle les deux avaient pris part, Nicolas Sarkozy (qui n’était plus président depuis cinq mois) n’avait pas manqué de dire à BOA, ce qu’il avait, jusque-là, gardé dans le cœur. Sans que ce soit mot pour mot, voici ce qu’il avait fait comprendre à son (décevant interlocuteur) : « Nous avons favorisé ton accession au pouvoir (comprenez la France a encouragé les pays de la sous-région à s’impliquer en faveur de l’élection de BOA) parce que dans notre esprit, tu étais celui qui étais le plus à même de préserver les excellentes relations que la France entretenait avec le Gabon sous ton père. Mais nous nous apercevons amèrement que nous nous sommes lourdement trompés. C’est d’autres qui en bénéficient alors que nous pensions que nos bonnes relations seraient préservées… ».

Si BOA se vante d’avoir coupé le cordon françafricain (ce qui est à relativiser), la rupture que déplore l’ancien président français, relèverait, plutôt, de l’absence de vision et de stratégie politiques du locataire du Palais du Bord de Mer. BOA n’a pas, seulement, tourné le dos aux Français. Il n’a aucun regard pour ses voisins immédiats de la CEMAC. Pas plus avec les Américains qu’avec les Chinois qu’il accuse de financer Jean Ping. A l’heure actuelle, il serait assez difficile de caractériser la politique extérieure du Gabon. Entre lui et le patriarche, c’est vraiment la nuit et le jour.

Le problème, c’est de savoir si Jean Ping peut représenter une alternative, après avoir vu sa victoire confisquée par la Cour constitutionnelle. Ce qu’il a, jusque-là, proposé aux Gabonais, montre qu’il en est loin.

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