GABON : Les ordures ménagères qui menacent le pouvoir d’Etat

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Les Librevillois sont en danger, les ordures ménagères s’accumulant sur les trottoirs depuis plusieurs jours à cause de la grève lancée par les sociétés chargées de les ramasser. Comme c’est souvent le cas, il s’agit d’une affaire où les uns et les autres se renvoient la balle, après que ces derniers aient consommé les surplus de ladite surfacturation. L’affaire est d’autant plus embarrassante qu’elle n’épargnerait pas certains anciens collaborateurs du Palais du Bord de Mer dont quelques-uns ne sont d’ailleurs plus au pays.

Le nouveau maire de Libreville n’y va pas quatre chemins, lui qui a été reçu en collaboration avec Yannick Ongonwou Sonnet, Haut-Commissaire à l’Environnement et au Cadre de Vie (HCECV), mardi, 6 août, par le chef del’Etat, Ali Bongo Ondimba, visiblement, inquiet de cette crise qui prend des allures inattendures : « Si cela ne dépendait que de moi, je virerais les entreprises actuelles (Averda et Clean Africa) » qui font un très mauvais travail. Ali Bongo Ondimba a reçu le maire de Libreville, Léandre Nzué, pour savoir, exactement, ce qui se passe, les rumeurs allant dans tous les sens, surtout, dans les réseaux sociaux.

Les impayés s’élèveraient à 24 milliards de F CFA que l’Etat doit à Averda et Clean Africa, soit, 24 mois d’arriérés. A la clé, l’emploi de plus de 700 employés est menacé. Mais, il y a, aussi et surtout, que les prestations fournies n’ont rien à voir avec les factures, qui attendent d’être payées. Pour preuve, le HCECV a commandité un audit en collaboration avec les municipalités et la tutelle administrative dans lequel il ressort des défaillances des deux prestataires, qui mettent la santé des Librevillois en péril. On peut y lire exactement ceci : «  « Il y a une absence de coordination entre les signatures des contrats entre l’administration et acteurs privés et les mécanismes préalables de financement adéquats desdits contrats. Il y a aussi des faiblesses dans le suivi de l’exécution du cahier de charges des entreprises privées. Les moyens et les équipements prévus au contrat commercial ne sont plus opérationnels, à l’exemple des balayeuses mécaniques et des machines à nettoyer les plages. Il ressort aussi que les moyens roulants, notamment les camions, sont insuffisants. Il y a une absence des bacs, et ceux existants sont en mauvais état, lorsqu’ils sont dans des quartiers où la population humaine est dense. Il a aussi été constaté que l’usage des engins à pelles mécaniques lors des ramassages d’ordures près des bacs délabre goudron en créant des fosses béantes. Enfin, le curage de caniveaux n’est pas fait dans les normes », lit-on dans cet audit. Pour Léandre Nzué, les prestataires sont payés pour le tiers du travail qu’ils doivent faire. Certes, ils ramasseraient les ordures (et encore !), mais,ils n’entretiennent pas les bassins versants et ne curent pas les caniveaux. Autrement dit, on ne devrait pas, logiquement, leur payer près de 500 millions de F CFA, tous les mois, le travail n’étant pas correctement fait.

Le problème a cessé d’être technique et de simple santé publique pour devenir politique. Il s’agit, maintenant, de la gouvernance de l’Etat du Gabon qui est mise en cause. D’où un appel à vite agir qui fait que le président, Ali Bongo Ondimba, lui-même, se voit obligé de s’occuper de ce dossier. Un de plus.

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