GUERRE AU SOUDAN : L’Ukraine agent de déstabilisation

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L’Ukraine est, véritablement, en train de transposer son conflit avec la Russie en Afrique. Après avoir été accusée de soutenir les rebelles de la région du Sahel, engagés dans une guerre sans merci face aux pays fondateurs de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), elle fait l’objet d’incriminations similaires au Soudan, où l’armée régulière veut, vite, mettre fin au règne de terreur des Forces de soutien rapide (FSR), mais, est ralentie à cause de l’appui inédit des Ukrainiens. 

Il y a quelques jours, les hommes du général-président, Abdel Fattah al-Burhane, annonçaient avoir éliminé des mercenaires ukrainiens et colombiens dans la ville d’El-Fasher, située au Darfour. Si la mort des combattants colombiens n’a donné lieu à aucun commentaire particulier, celle de leurs acolytes ukrainiens, par contre, a soulevé la problématique de leur présence sur le sol soudanais, et mis en lumière l’africanisation croissante de la guerre russo-ukrainienne. 

Qu’après des décennies de snobisme assumé envers l’Afrique dans sa politique étrangère, l’Ukraine se soit, subitement, précipitée pour y ouvrir des ambassades paraissait assez suspicieux. En y ajoutant l’hostilité à Kiev qui fut réservée aux chefs d’Etat, qui s’étaient joints à l’initiative africaine de paix, devant le parterre de journalistes ukrainiens, on peut se demander si le renforcement de l’empreinte ukrainienne sur le continent noir n’a pas que des fins militaires. 

Malgré la supériorité relative de leur arsenal militaire, sorti tout droit des stocks occidentaux et, en principe, destiné à empêcher l’avancée des Russes en Ukraine, des centaines de mercenaires ukrainiens seraient tombés à El-Fasher, selon des sources proches du Kremlin. Ces pertes en vies humaines n’auraient, sans doute, pas eu lieu sans l’accord des pays alliés fournissant des armes au président, Volodymyr Zelensky, qui en partagent la responsabilité.

Les mercenaires ukrainiens combattent avec les FSR. Question : Y combattent-il avec l’accord de Volodymyr Zelensky ?

Même si la bataille contre les FSR se poursuit avec rage, l’armée soudanaise a démontré ses capacités de résilience face à un ennemi à multiples visages. De quoi inspirer les trois armées des nations de l’AES, qui sont confrontées à un problème identique, et qui gagneraient, certainement, à se rapprocher et à collaborer avec celle du Soudan. Car, il est inadmissible que l’on permette à l’Ukraine d’embarquer le continent africain dans un conflit dont il n’est pas tributaire.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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