Visiblement, le radicalisme et le jusqu’auboutisme de Donald Trump dans le dossier nord-coréen, ne paient plus. Après le président sud-coréen, Moon Jae-in, c’est au tour du numéro un japonais de nouer les contacts diplomatiques avec le « leader bien aimé ». Deux alliés de Washington dans la sous-région. Comme quoi, contrairement, à ce qu’affirment les faucons de l’administration Trump, Kim Jong-un est bel et bien devenu fréquentable. Et comment ne le serait-il pas alors qu’il vient d’effectuer une réussite officielle chez son camarade russe, Vladimir Poutine, après quatre voyages effectués en Chine, chez le grand-frère, Xi Jinping, ces douze derniers mois. La Chine et la Russie sont toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité avec droit de veto comme les Etats-Unis.
Shinzo Abe, s’est, donc, dit prêt à rencontrer Kim Jong-un « sans condition » afin d’établir des relations diplomatiques entre les deux voisins aux contentieux historiques.
Considéré comme un faucon en termes de politique étrangère, Shinzo Abe a, récemment, adouci sa rhétorique vis-à-vis de Pyongyang et demandé la tenue d’une rencontre avec M. Kim pour régler, notamment, la querelle très sensible relative aux rapts de ressortissants japonais par des agents nord-coréens dans les années 1970 et 1980.
« Je veux rencontrer le président Kim Jong-un sans condition et parler franchement avec lui avec un esprit ouvert », a déclaré M. Abe, dans un entretien donné, mercredi, 2 mai, au Sankei Shimbun.
« Il est très important pour notre pays d’être proactif dans la gestion de ce sujet », a-t-il ajouté.
« Nous ne viendrons à bout de la méfiance réciproque entre le Japon et la Corée du Nord que si je rencontre directement M. Kim », a-t-il dit. « J’espère qu’il est un dirigeant qui peut prendre une décision stratégique et se montrer flexible au sujet de ce qui est le mieux pour sa nation ».
Le Japon est une des grandes puissances qui, historiquement, affiche une des positions les plus fermes vis-à-vis de la Corée du Nord, ce qui lui a valu en retour des tirades particulièrement agressives de Pyongyang qui n’a pas hésité, en outre, à tirer des missiles au-dessus de son territoire.
Mais, le leader nord-coréen (surnommé le « leader bien aimé ») a profité, depuis un an, de la détente sur la péninsule coréenne pour se lancer dans une spectaculaire offensive diplomatique. Le Japon est, cependant, le grand absent des discussions amorcées, il y a un an.
Après de nombreuses rencontres, ces derniers mois, avec les présidents sud-coréen, Moon Jae-in, chinois, Xi Jinping, et américain, Donald Trump, M. Kim a rencontré, fin avril, le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, à Vladivostok.
M. Abe a précisé au quotidien japonais qu’il avait demandé, vendredi, 26 avril, au président américain, Donald Trump, de l’aider à résoudre la question des enlèvements de Japonais par des agents de Pyongyang.
Pyongyang a admis, en 2002, l’enlèvement de 13 Japonais pour former ses espions à la langue et la culture japonaises. Un mois après ces aveux, cinq ont été autorisés à rentrer au Japon.
Tokyo compte, au moins, 17 kidnappés et soupçonne des dizaines d’autres disparitions d’être le fait des services nord-coréens.
En janvier, Shinzo Abe avait, déjà, proposé de « briser le carcan de la défiance mutuelle » entre son pays et la Corée du Nord, en rencontrant, en tête-à-tête, Kim Jong-un et en établissant des relations diplomatiques entre la Corée du Nord et le Japon qui vient de s’offrir un nouvel empereur.