Un collectif d’avocats a saisi la Cour pénale internationale (CPI) et le Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme au nom de dizaines de familles de victimes d’exécutions extrajudiciaires au Burundi.
« Pendant des mois, des membres de l’appareil d’Etat burundais ont assassiné des citoyens burundais en totale impunité » alors que le pays traverse une grave crise politique, annonce un communiqué signé de trois avocats, qui affirment être mandatés par « 60 familles burundaises vivant actuellement au Burundi ».
« La motivation des familles est de lutter contre l’impunité et d’amener un jour devant les cours et tribunaux les personnes qui ont participé à ces crimes, quelle que soit leur position actuelle dans l’appareil d’Etat burundais », prévient le collectif d’avocats. Bujumbura nie, jusqu’ici, les cas d’exécutions extrajudiciaires, accusant une partie de son opposition, désormais, armée d’être à l’origine des exactions.
L’équipe d’avocats comprend Armel Niyongere, avocat au barreau du Burundi et grande figure de la société civile burundaise, aujourd’hui, en exil, Léon Lef Forster, avocat au barreau de Paris et Bernard Maingain, avocat au barreau de Bruxelles, très engagé dans de nombreux dossiers politiques au Burundi.
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président, Pierre Nkurunziza, sur les conseils de son homologue du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso (notre photo montrant les deux chefs d’Etat particulièrement en phase), a annoncé sa candidature, en avril 2015, pour un troisième mandat. Un mandat qui lui était normalement interdit. Sassou, selon certaines sources, l’a appuyé dans cette entreprise (d’achat des consciences) en lui octroyant 20 milliards de F CFA. Nkurunziza a pu, ainsi, convaincre beaucoup de monde dans le pays, surtout, dans l’armée et le parlement, y compris, des personnes, qui au départ, ne voulaient pas de ce troisième mandat, synonyme de troubles.
Réélu en juillet, il est accusé par l’opposition, la société civile et une partie de son camp d’avoir violé la constitution, ainsi que, l’Accord d’Arusha, qui mit fin à la guerre civile entre 1993 et 2006 (300.000 morts).
Les violences ont, déjà, fait plus de 400 morts et poussé plus de 250.000 personnes à quitter le pays, alors que l’ONU et les organisations des droits de l’Homme ont dénoncé de nombreux cas d’arrestations arbitraires, de torture, de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires, ainsi que, l’existence de fosses communes.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait annoncé qu’elle suivait de près les violations des droits de l’homme commis au Burundi, alors que le Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a mis sur pied une équipe de trois experts, qui vient de séjourner au Burundi en vue d’enquêter.
Par ailleurs, l’Union européenne, principal bailleur de fonds du Burundi, vient de suspendre sa coopération avec ce pays. Plus un rond ne rentre plus dans les caisses publiques de Nkurunziza. On voit où mène l’obstination de la conservation du pouvoir au Burundi.