Dans sa volonté de lutter contre l’immigration clandestine, la France a, également, décidé de s’attaquer aux migrants en règle vivant sur son territoire, en particulier, les étudiants étrangers. On se demande ce qui a poussé l’Elysée à s’embarquer dans une telle quête, si ce n’est peut-être sa perte d’influence en Afrique tout au long de 2023, laquelle a des implications financières substantielles pour Paris, habituée depuis la colonisation à avoir un accès illimité aux richesses du sol africain. Car, bien que la nouvelle loi immigration s’applique à tous les étudiants étrangers, elle s’adresse, surtout, à ceux venant des nations africaines, ceux-ci représentant 50% des effectifs estudiantins de l’Hexagone en 2021, selon des chiffres officiels.
En instaurant, entre autres, une caution retour d’un montant fixé arbitrairement, des restrictions quant au regroupement familial et à l’accès aux diverses aides sociales (couverture santé et logement), le gouvernement d’Emmanuel Macron a, clairement, fait le choix de privilégier les intérêts financiers par-dessus toute autre chose. C’est d’ailleurs ce qu’une vague de présidents d’universités locales et d’institutions académiques privées ont dénoncé, parfois collectivement, parfois individuellement, en soulignant la dangerosité de cette législation pour l’avenir du secteur de l’enseignement supérieur français.
En l’état actuel des choses, les étudiants africains, déjà, présents sur le territoire français ou prévoyant d’y arriver, vont devoir trouver d’autres nations développées disposées à les accueillir et à les intégrer. Il ne faudra simplement pas que, le moment venu, les médias d’Etat français, à savoir, RFI, France 24 et TV5 Monde, se lancent dans leur traditionnelle propagande pour tenter de discréditer les nouvelles destinations sélectionnées par les cerveaux africains, oubliant l’origine de ces mouvements. Une telle attitude vaudrait déclaration de guerre médiatique entre ces médias-là et ceux d’Afrique comme Afrique Education. La France est, totalement, perdante dans cette façon de démontrer une intelligence dont la bêtise n’a fait que trop de mal au regard entre autres de sa nette perte d’influence en Afrique. Et elle continue dans cette folie, au risque de totalement disparaître sur ce continent où sans l’apport de l’Afrique dans son bien-être global, la France serait moins que l’Italie, à peu près comme l’Espagne. En Afrique, certains panafricanistes ne cachent pas leur joie quand la France se fait, ainsi, malmener par des thèses d’extrême-droite. Les BRICS, par exemple, vont, certainement, sauter sur l’occasion pour faciliter la venue d’étudiants africains à travers l’octroi de bourses universitaires (ce qui a déjà commencé), et ainsi franchir un nouveau cap de coopération effective avec les Etats africains, cela sans avoir eu à fournir le moindre effort. On le voit, par exemple, avec la généralisation des instituts Conficius sur les campus africains, montrant l’intérêt croissant de la Chine sur le continent africain où les mariages mixtes sino-africains se multiplient donnant lieu à des métissages inédits.
En s’attaquant à l’immigration légale propre aux étudiants étrangers, Emmanuel Macron est entré dans le terrain du Rassemblement national. Cette initiative n’est pas vraiment une surprise puisqu’elle peut être interprétée comme sa réponse au sentiment anti-français qu’il a aidé à propager en Afrique. Une sorte de message adressé indirectement à ses homologues africains, ce qui est de bonne guerre. La question qu’il faille tout de même se poser est de savoir pendant combien de temps la France pourra-t-elle garder son statut de superpuissance économique une fois l’attractivité qui l’a toujours définie perdue du fait de sa nouvelle politique migratoire ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)