« Le président de la République confirme la libération de Soumaïla Cissé et Madame Sophie Pétronin. Les ex-otages sont en route pour Bamako » (notre photo). Cette information de la libération du chef de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé et de l’humanitaire française, Sophie Pétronin, a été rendue publique, jeudi, 8 octobre, par la présidence malienne. Fortement manipulée par le président ivoirien, Alassane Ouattara, au point de lui faire perdre son crédit auprès de la population, la CEDEAO a, ici, la preuve (par neuf) que le CNSP (Comité national pour le salut du peuple) malien n’a pas pris le pouvoir pour se la couler douce. Ni se remplir les poches comme le pouvoir déchu. En l’espace de deux mois, il a débloqué une situation qui avait dépassé le pouvoir (très démocratique) d’Ibrahim Boubacar Keïta, qui bénéficiait des soutiens de ses partenaires français et des Nations-Unies, avec un résultat à peu près nul.
On ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs. En échange de cette libération de Cissé, Pétronin et des deux Italiens (jadis capturés au Niger et transportés au Mali), le président du CNSP, le très dynamique colonel, Assimi Goïta, a restitué 204 djihadistes, qui croupissaient dans les geôles de l’Etat. C’est ce week-end du 3 octobre que ce transfert a eu lieu vers la religion de Tessalit.
Enlevé le 25 mars dernier alors qu’il était en campagne pour sa réélection à l’Assemblée nationale dans son cercle natal de Niafunké (région de Tombouctou), Soumaïla Cissé (70 ans) est resté détenu par ses ravisseurs pendant plus six mois. Pour sa part, Sophie Pétronin (75 ans) est restée otage pendant près de 4 ans. Elle était la dernière otage française dans le monde.
Les djihadistes n’ont jamais voulu tuer la Française. Ils voulaient l’échanger au plus fort, ce qu’ils ont réussi à faire si on ajoute qu’ils auraient obtenu une forte somme d’argent convoyée par certains réseaux français. Cela dit, Paris ne l’acceptera jamais…
Le CNSP doit poursuivre sa mission à la tête du Mali car il n’existe pas un seul Malien qui aime son pays, qui ait désapprouvé ces libérations contre échange de djihadistes. Simplement, il faudra passer, maintenant, à l’étape de la négociation directe avec les djihadistes qui sont, eux-aussi, des Maliens comme les militaires du CNSP.
Les incompréhensions et tous les sujets sensibles doivent être mis sur la table. Il faut discuter, avec un point non négociable : pas de sécession ni de division du Mali en deux. Quand l’Afrique cherche à bâtir les Etats-Unis d’Afrique (ce à cause de quoi Abdoulaye Wade fut jeté du pouvoir par les Français et les Américains), il ne faut plus tolérer la balkanisation. La création d’un Etat du Nord-Mali écartée, tout le reste deviendrait négociable et il faut que ces négociations se fassent entre Maliens et Maliens seuls. Même l’Algérie qui est une puissance sous-régionale ne doit pas y participer. Même pas comme observatrice. Car les observateurs font souvent preuve d’intox et de manip. Tous doivent rester à l’écart et laisser les Maliens s’arranger entre eux. Surtout pas de CEDEAO dans cette affaire !
Que le CNSP sache que ce premier succès va faire beaucoup de jaloux. On va, désormais, lui mettre beaucoup de bâtons dans les roues. Mais, du moment où il a le soutien du peuple malien, il pourra aller loin, même si la CEDEAO (avec des dirigeants comme Ouattara qui la manipulent) essaieront toujours de freiner des quatre fers son ardeur à faire des changements (les vrais), craignant qu’un tel succès ne fasse tache d’huile sur le continent, ce qui ne serait pas forcément une mauvaise chose.