Après l’attaque du 9 septembre d’Israël au Qatar visant à assassiner le leadership politique du Hamas, juste avant d’importantes négociations en vue d’un cessez-le-feu permanent, le Maroc a joint sa voix à la condamnation générale adressée par les Etats du Golfe. Cependant, cette réaction marocaine est qualifiée d’hypocrite par des critiques, qui soutiennent que le royaume chérifien partage, lui-même, plus d’une similitude avec le gouvernement juif d’extrême droite.
Afin de garantir la poursuite de son projet d’expansion territoriale dans la sous-région, Tel Aviv a annihilé toute chance de signature d’un accord avec les dirigeants du groupe terroriste palestinien, et les médiateurs impliqués dans ce processus de restauration de paix. Une telle signature aurait pu invalider la justification que donne Israël pour maintenir son occupation illégale de la Palestine, avec pour but ultime de l’arracher, en violation du droit international (sur notre photo, les cercueils alignés après le bombardement israélien à Doha)..
Rabat, qui suit ces événements de loin, se trouve dans une situation comparable vis-à-vis du Sahara occidental depuis 1963, d’autant plus qu’en 1991, un référendum d’autodétermination pour les populations autochtones n’avait pu avoir lieu, à cause du retournement de veste des autorités marocaines lesquelles, à la mesure du risque encouru, préférèrent l’éviter, en maintenant une occupation territoriale forcée, pour garder leurs prétentions expansionnistes intactes.
Mais, ce n’est pas tout ! Le silence assourdissant dont fait preuve le Royaume chérifien par rapport aux crimes perpétrés contre les femmes et enfants de Gaza depuis presque deux ans n’est pas juste un choix stratégique, comme certains observateurs ont eu à le noter, mais, surtout, la conséquence du poids pesant sur la conscience de Rabat, qui n’est, nullement, en position de dénoncer les dérives génocidaires de Tel Aviv à l’encontre des Palestiniens.
Sur certains aspects, tels que le niveau d’impunité, Israël est souvent cité comme le pays le mieux loti, du fait de la protection que lui confèrent les Etats-Unis contre d’éventuelles sanctions internationales, alors qu’en réalité, le Maroc pourrait, tout aussi, prétendre à cette distinction. Par exemple, sur le plan de la couverture médiatique, l’emprise marocaine bloque toute publication d’information indépendante sur son occupation du Sahara occidental.

Ainsi, il est difficile de comprendre sur quelle base les divers alliés de Rabat se tiennent pour statuer sur les bienfaits de son plan d’autonomie pour le Sahara occidental. Si cette initiative est si bénéfique, pourquoi ne pas donner aux peuples concernés la possibilité de l’exprimer ? C’est cette logique que la Cour de justice européenne (CJUE) a suivie, cette année, pour justifier sa décision d’interdire tout accord commercial entre l’UE et ce territoire querellé depuis 60 ans.
Dans le fonds, le sort des Sahraouis est pire que celui des Gazaouis. En effet, l’attention journalistique, à elle seule, suffit à attester que ces derniers ne seront jamais délaissés, quand bien même des dizaines de milliers d’entre eux tombent, quotidiennement, sous les balles de Tsahal. Certes, moins meurtrière, l’occupation chez les Sahraouis ne laisse place à aucune perspective de salut pour un peuple privé de voix et de son droit à l’autodétermination.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)