MAROC : L’indifférence du roi Mohammed VI face à la Gen Z

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On savait le roi Mohammed VI (M6) déconnecté des réalités quotidiennes de ses sujets dans leur propre pays, mais, après son discours du 10 octobre au Parlement, il serait plus approprié de parler d’indifférence. En effet, alors qu’il était attendu sur des prises de décisions fortes, en réponse à l’interpellation que lui a adressée une partie de la société civile marocaine, le souverain a, purement et simplement, botté en touche, sans grande surprise pour la plupart des experts. 

Depuis des semaines, le Royaume chérifien est en proie à des manifestations de jeunes, qui ne revendiquent rien d’autre que de meilleures conditions de vie socio-économique. Persuadés que le cabinet ministériel d’Aziz Akhannouch ne travaille pas dans ce sens, ils sollicitaient son départ, allant même jusqu’à le qualifier ouvertement de corrompu. Il n’en a finalement rien été, le discours de M6 évitant tout bilan et remise en question des autorités actuelles de Rabat.

Ce n’est pas la première fois que les Marocains demandent à leur roi d’agir, mais sont ignorés, sans que cela ne les offusque outre mesure. Ayant pourtant des réclamations légitimes, surtout au vu de l’incroyable contraste entre la capacité de déploiement de l’Etat marocain à l’international et ses manquements flagrants dans la politique interne, ils semblent faire preuve d’une résignation, qui est assez troublante, et pousse à s’interroger sur ce qui les animait au départ.  

La balle est dans le camp du roi Mohammed VI qui doit répondre aux besoins de la Gen Z.

Ici, bien que les manifestations soient parties d’un drame sanitaire, le malaise marocain est bien antérieur à cet épisode. On se souvient aussi du séisme de septembre 2023 qui tua plus de 2 000 personnes et plongea des milliers d’autres dans une pauvreté plus aiguë que celle de leur quotidien. Alors que tous attendaient une aide du Roi, c’est finalement la diaspora qui se déploya d’urgence, M6 s’illustrant, après un long silence, en refusant l’assistance offerte par certains pays, mais ne s’interrogeant pas sur l’origine de la situation sociale des sinistrés. 

L’injustice sociale et ses conséquences désastreuses ont longtemps fait partie de la vie au Maroc. Mais, il y a de fortes chances que leurs derniers jours soient, effectivement, arrivés. Traditionnellement soumis au Roi, le peuple marocain doit choisir entre permettre le statu quo, qui consiste à ne rien changer à la situation actuelle, et contraindre le pouvoir royal à mobiliser ses ressources quasi-illimitées, pour adresser ses préoccupations et améliorer son bien-être.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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