MAURITANIE : Biram Dah Abeid en danger de mort dans les geôles du président Abdel Aziz

Date

Très tôt le matin du 07/08/2018, un groupe de policiers ont interpellé Biram Dah Abeid, chez lui, pour l’emmener au Commissariat 1 de Riyadh. Le commissaire, Hamoudi Ould M’Hadi, lui lance : Biram, il ne faut pas politiser cette arrestation car elle ne s’est pas faite à cause de tes opinions politiques et ton activisme des droits de l’homme comme cela était le cas pour tes arrestations passées. Biram a dit être très étonné que le commissaire reconnaisse ce que ses supérieurs et son gouvernement n’avaient, jamais, reconnu auparavant, à savoir, que les différents procès intentés aux dirigeants et militants de l’IRA, l’aient été à cause de leurs opinions et leur activisme.

Dialogue de sourds

 Biram Dah Abeid demande la présence de ses avocats, d’un membre de sa famille et de son médecin. Le commissaire oppose un refus catégorique arguant qu’il a consulté le procureur de la République et que ce dernier rejette ces demandes. Le commissaire somme Biram Dah Abeid de répondre à ses questions mais Biram refuse. Le commissaire le conduit dans une chambre très insalubre et pleine d’ordure et lui dit de rester là. Après plusieurs heures, le commissaire revient à la charge en demandant à Biram Dah Abeid les contacts de ses avocats, il lui en fournit quelques-uns. Le commissaire les convoque. Dès leur arrivée, le commissaire leur dit qu’il a reçu des ordres du procureur qu’ils ne doivent pas entrer en contact avec Biram Dah Abeid. Empêchés d’entrer, les avocats rebroussent chemin. Le commissaire insiste, il demande à nouveau  à Biram Dah Abeid de répondre à ses questions et qu’il n’est pas question que les avocats assistent à quoi que ça soit. Biram Dah Abeid refuse et après un temps de communication avec ses supérieurs, le commissaire appelle les avocats et les autorise à entrer. Il se met en position d’auditionner Biram Dah Abeid mais celui-ci reste muré dans un silence total. N’ayant pas de réponse de Biram Dah Abeid, le commissaire ordonne aux 2 avocats, Ahmed Ely et Teyib Mahmoud : « Vous deux faites parler votre ami ». Ils répliquent que le prévenu a le droit de garder le silence et qu’ils n’ont ni le droit ni le pouvoir de le faire parler quand il ne veut pas le faire. Furieux, le commissaire demande aux 2 avocats de sortir et il remet Biram Dah Abeid dans son cachot insalubre. Depuis lors, seul le bâtonnier de l’ordre national des avocats mauritaniens a pu lui rendre visite. Cependant, il a pu se faire envoyer un petit tapis, un drap et une moustiquaire de chez lui.

Insalubrité

Le commandant d’une compagnie de police, venu à Riyadh comme renfort de la police locale, lorsque les militants de l’IRA manifestaient pour demander la libération de leur leader, a vu les tas d’ordure qui entourent le président de l’IRA dans son cachot. Il a décidé de tout nettoyer. Mais le cachot à l’intérieur du commissariat n’a pas de meubles, ni de fenêtre et à chaque instant, le sable ensevelit le tapis et le drap de Biram Dah Abeid ainsi que ses habits.

Les toilettes sont invivables et empestent tout le commissariat ; leur odeur nauséabonde empêche de se promener dans le couloir, de respirer et de dormir. Des insectes et de petits reptiles nagent et se meuvent dans les toilettes et un peu partout aux alentours. Aucune hygiène n’est observée dans ce cachot et aucune mesure de nettoyage n’a été prise depuis plusieurs jours.

Restrictions injustifiées

Interdiction est toujours faite à la famille de Biram Dah Abeid de lui rendre visite. Interdiction de lui envoyer des livres et la garde à vue doit encore se prolonger jusqu’au lundi 13 ou mardi 14 août 2018 ou plus tard encore, car comme l’a souligné la Commission de Nations-Unies sur la torture dans sa dernière session à Genève, la Mauritanie ne respecte pas les délais de la garde à vue, surtout, quand il s’agit de détenus d’opinion, comme Biram Dah Abeid, très détestés par le général-président, Mohamed Ould Abdel Aziz.

Déploiement Sécuritaire

 Depuis l’arrestation de Biram Dah Abeid, les 12 commissariats de la région de Nouakchott Sud ont affecté la majeure partie de leur personnel de police au commissariat 1 de Riyadh, où il est détenu en plus de la compagnie anti-terroriste (de Elmina quartier de Nouakchott la capitale) composée de dizaines de policiers d’élite.

Nouakchott Sud (Riyadh, Arafat, Elmina) est, depuis, en alerte maximale et le commissariat de Riyadh comme base de très haute sécurité. Ce déploiement disproportionné de la force souligne l’intention du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz d’insuffler aux citoyens et à l’opinion que Biram Dah Abeid représente un vrai danger pour les populations et leurs biens en dehors de son contentieux politique avec le pouvoir.

Ceci est une facette de la concurrence déloyale et mensongère que le pouvoir de Aziz fait à l’IRA et à son président Biram Dah Abeid (sur notre photo avec l’ancien secrétaire d’Etat américain John Kerry).

Diko Hanoune
Abolitionniste mauritanien

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