Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, vient d’enfermer neuf officiers pour cause de tentative de coup d’état. Il affirme qu’ils voulaient le tuer à la base aérienne de Niamey et seront jugés, bientôt, par le tribunal militaire. Ce (grossier) montage du pouvoir, va laisser de grosses fissures au sein de la Grande Muette. Désormais, on devrait reconnaître que les relations entre le chef de l’Etat et son armée, ne sont pas au beau fixe.
La deuxième guerre menée par le président de la République, c’est contre son opposition. Après avoir cherché à la mettre au pas, en cherchant à débaucher à tout va certains de ses cadres les plus compétents, parfois, en voulant scinder, carrément, en deux, certains partis politiques en vue de les affaiblir, Mahamadou Issoufou, faute d’avoir, complètement, réussi, a fini par jeter le masque : refus de faire appel à un expert international (neutre) pour nettoyer le fichier électoral qui est truffé d’étrangers (en transit pour l’Europe) provenant des pays africains de l’Ouest et du Centre, répression à l’endroit de la presse, embastillement de certains hommes politiques, notamment, le deuxième principal leader de l’opposition (Hama Amadou) dont la candidature aurait pu sceller l’échec du président qui désire se succéder à lui-même, refus de fixer une date consensuelle de la tenue de la présidentielle, etc.
Ayant déclaré la guerre à l’institution militaire et à l’opposition dont l’appui est nécessaire pour faire la guerre à Boko Haram, on ne sait pas comment Mahamadou Issoufou va procéder pour éradiquer cette nébuleuse, qui a tendance à s’enraciner au Niger, à mesure qu’elle est, progressivement, chassée du Nigeria, du Cameroun et du Tchad. Le Niger devient, incontestablement, le maillon faible de la chaîne.
Pendant que Issoufou mène la guerre aux siens (armée, opposition, presse, etc), « le nombre de déplacés s’accroît. Les attaques menées par Boko Haram au Niger ont causé le déplacement d’environ 94.000 personnes », a indiqué samedi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) dans son bulletin mensuel, qui cite les autorités locales.
L’ONU prévient qu’avec l’installation du froid (en raison du vent de l’harmattan), les enfants, qui constituent la majorité des déplacés, « sont exposés aux infections respiratoires aiguës ».
Depuis février, Boko Haram poursuit des attaques meurtrières dans la zone de Diffa, alors que l’armée peine à contenir les incursions du groupe nigérian, notamment, dans le bassin du Lac Tchad.
L’union sacrée derrière (et avec) le chef de l’Etat est, donc, vivement, souhaitée pour vaincre Boko Haram. Ce n’est pas en emprisonnant les militaires et les opposants (qu’on redoute), et en cherchant à museler la presse (qui lui sort les vérités qui l’énervent), que Mahamadou Issoufou parviendra à vaincre Boko Haram (Notre photo le montrant le 27 mai 2013 à Agadez pour rendre hommage aux 24 soldats tués dans un double attentat). A deux mois d’une présidentielle périlleuse à laquelle il est candidat pour une victoire (vivement voulue) dès le premier tour, il est grand temps qu’il change (vraiment) de logiciel.