NIGERIA : Est-il vrai que Buhari va 10 jours à Londres juste soigner un petit problème d’oreille ?

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Bon ! Muhammadu Buhari dira, sans doute, que ce n’est que depuis un an qu’il est président du Nigeria, ce qui ne lui a pas, encore, permis de bâtir un système de santé digne de ce nom, au point d’éviter d’humiliantes évacuations sanitaires comme celle-ci qui vient de le frapper. Il aurait bien pu aller se faire soigner en Afrique du Sud ou au Maroc, mais, c’était, doublement, humiliant pour le président de la première économie d’Afrique, d’étaler, ainsi, auprès des médecins sud-africains ou marocains, la défaillance de son pays dans le domaine de la santé. C’est plus sécurisant d’aller à Londres ou dans toute autre capitale occidentale. Et non à Pretoria ou à Rabat où la clinique royale a tout ce qu’il faut pour le satisfaire. Londres, on le comprend, aisément, c’est le moindre mal pour une moindre honte. Et c’est le choix final du président nigérian.

« J’ai déjà dit aux Nigérians que je partais pour 10 jours pour faire examiner mon oreille », a-t-il déclaré aux journalistes au moment de monter à bord de l’avion présidentiel, à Abuja, la capitale, avec son médecin personnel.

La présidence a annoncé, dimanche, 5 juin soir, que Muhammadu Buhari, 73 ans, avait « une otite persistante » et qu’on lui avait conseillé de consulter un ORL (otorhinolaryngologiste), dans la capitale britannique, « à titre purement préventif ».

Le vice-président, Yemi Osinbajo, dirigera le pays en son absence, comme le prévoit la constitution.

L’état de santé du président fait l’objet de nombreuses rumeurs. Mais, la présidence nigériane a, toujours, été très réticente à communiquer sur les maladies de ses hôtes par le passé.
L’ancien président, Umaru Musa Yar’Adua, est décédé dans l’exercice de ses fonctions, en 2010, des suites d’une maladie des reins (?) entourée du plus grand secret. Certains parlaient d’une insuffisance cardiaque prononcée. En effet, il avait rendu l’âme, le 5 mai 2010, à Abuja, après une longue prise en charge infructueuse de près de quatre mois dans un hôpital saoudien. Revenu (mourir) à Abuja, en février 2010, il était, néanmoins, resté président sans jamais plus aller à son bureau. C’est ainsi que, d’intérimaire, son vice-président, Goodluck Jonathan put accéder à la magistrature suprême. Par accident.

L’ancien dictateur militaire, Sani Abacha, est, également, mort, au pouvoir, en 1998. D’une crise cardiaque, selon la version officielle, mais, jusqu’à présent, les rumeurs persistent quant à la cause exacte de son décès. Quand certains jurent qu’il avait absorbé une forte dose de viagra pour satisfaire des prostituées indiennes venues le satisfaire sur commande, à Abuja, d’autres parlent d’un empoisonnement pour ce dirigeant qui commençait à devenir un problème pour tout le monde, à commencer par son voisin du Cameroun, dans le cadre du conflit de la presqu’île de Bakassi. Abacha voulait la prendre de force, ce que le président, Paul Biya, du Cameroun ne voulait surtout pas entendre. Les deux pays frôlèrent la guerre, n’eût été l’intervention énergique d’un dirigeant comme le Sage Gnassingbé Eyadèma, à l’époque président du Togo, qui était écouté par le dictateur Sani Abacha. Cela n’empêcha, toutefois, pas de nombreuses escarmouches, parfois, très sérieuses, entre les deux armées, qui causèrent de très nombreuses morts sur une période plus ou moins longue. La Cour de justice de La Haye a, définitivement, attribué la presqu’île de Bakassi à l’Etat du Cameroun. Depuis, règne la paix entre les deux voisins.

Un journaliste nigérian a fait remarquer, lundi, 6 juin, à Muhammadu Buhari que les Nigérians étaient, particulièrement, inquiets quand leurs présidents tombaient malade, au vu de l’histoire récente. Ce à quoi le chef de l’Etat a rétorqué : « Y a-t-il qui que ce soit qui ne tombe jamais malade ? ». Le président, à 73 ans, et même s’il en avait moins, peut, légitimement, poser cette question en guise de réponse à la question qui venait de lui être posée. Cela dit, est-il normal qu’il s’absente pendant 10 jours de son pays pour un (simple) problème préventif d’oreille, selon ses propres dires ? Si ce n’est, vraiment, pas grave, pourquoi rester, aussi, longtemps à Londres ? Et quid de l’équipement des hôpitaux nigérians en matière de santé, quand on sait que les Etats-Unis et la Grande Bretagne emploient de nombreux médecins nigérians. Peut-être même qu’un médecin nigérian fera partie de l’équipe médicale qui s’occupera de son oreille à Londres.

Muhammadu Buhari a annulé trois visites ces deux dernières semaines : Une à Lagos, la capitale économique, une, dans le Sud pétrolifère du pays, théâtre depuis le début de l’année d’une série d’attaques de rebelles, et un Sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à Dakar, les 4 et 5 juin, où le président, Macky Sall, a confié la présidence en exercice de l’organisation à la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf.

Il est, aussi, apparu affaibli, lors d’un Sommet sécuritaire, à Abuja, le 14 mai, et lors d’une intervention télévisée pour le premier anniversaire de son accession au pouvoir, le 29 mai. Pour un simple examen préventif d’oreille, c’est plutôt soupçonneux.

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