CONGO-BRAZZAVILLE/GABON : Vers la diplomatie de l’humiliation

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Comme on peut l’imaginer, BOA (Bongo Ondimba Ali) a dû attacher le cœur, avant d’aller à la rencontre du dictateur, chez lui, à Oyo, où l’atterrissage de son avion était prévu, samedi, 4 juin, à 16 heures, heure locale, (15 H GMT). « Le petit », comme on l’appelle, à Mpila, est interdit de passer la nuit au Congo-Brazzaville, selon un oukaze (non signé) de sa maman chérie, qui ne veut pas, aussi, le perdre. C’est la raison pour laquelle, BOA, quand il en a l’occasion, préfère zapper, soigneusement, la destination « Congo » car porteuse de poisse pour la famille. Il se fait, souvent, représenter par le professeur, Daniel Ona Ondo, le premier ministre chef du gouvernement.

Pour ce périlleux voyage de BOA sur cette mystique terre d’Oyo, le Palais du Bord de Mer a pris toutes sortes de précautions. Le BOA qui est demandeur de la rencontre, voulait que celle-ci soit entourée d’une discrétion totale. Très bruyante, la capitale, Brazzaville, a donc été évitée. Restait Oyo, l’actuelle véritable plaque tournante politique du pays, où le dictateur venait de séjourner, il y a quelque temps. Pour montrer aux Congolais dont 92% ont refusé de voter pour lui, qu’il est un homme politique qui compte encore dans la sous-région (Sassou a été justement surnommé « Monsieur 8% » des voix obtenues à l’élection présidentielle), il a fait diffuser que le chef de l’Etat du Gabon venait le voir, en consultation, à Oyo. Conséquence, ce qu’on voulait secret à Libreville, a été, savamment, mis sur la place publique, à Brazzaville. Premier échec de BOA.

Autre gage de bonne volonté de Libreville à l’égard du dictateur de Brazzaville : l’incontournable directeur de cabinet de BOA, le Béninois, Maixent Accrombessi, a décidé, la semaine dernière, de jeter en pâture, le bimensuel, Afrique Education, en étalant, sur la place publique, ses relations contractuelles avec le Palais du Bord de Mer (Présidence de la République gabonaise). Cinq confrères ont été mis à contribution par Accrombessi afin de discréditer et salir le Groupe Afrique Education, qui, au passage, avait de très bonnes relations avec le patriarche Ondimba, ce qui n’est plus le cas, aujourd’hui.

Pourquoi tout ce remue-ménage ? Parce qu’Accrombessi voulait faire passer l’idée qu’Afrique Education est un magazine de chantage, qui fait chanter le pouvoir de Libreville, comme cela a été le cas pour le régime congolais, dans le passé. Voilà pourquoi, on a, opportunément, sorti un ancien courrier d’un journaliste congolais proche de la présidence congolaise, qui aurait été adressé à Afrique Education, pour s’indigner du ton utilisé par le magazine à l’endroit du pouvoir congolais.

En entreprenant cette campagne médiatique d’un autre genre contre le « magazine préféré du patriarche », Accrombessi, en prévision du périlleux voyage de BOA à Oyo, voulait, adresser un message au dictateur, comme quoi, Libreville et Brazzaville subissent (exactement) le même traitement de la part du même magazine « maître chanteur ». Malheureusement, Accrombessi a eu tout faux. Et c’est là le deuxième échec de BOA.

Car le Béninois est à l’origine des difficultés que rencontre le président gabonais dans (presque) tous les domaines. Afrique Education l’a dit et redit, et il n’en est pas content. Tout comme, Afrique Education ne fait que dire la vérité sur le Congo-Brazzaville sans forcer le trait. Voilà pourquoi ce magazine y rencontre les difficultés depuis une quinzaine d’années. Le patriarche, de son vivant, était celui qui jouait les arbitres entre le Congo et Afrique Education. Depuis sa disparition, en 2009, c’est la confrontation générale entre les deux parties, au point où lors de sa première et brève entrevue, à Brazzaville, avec Sassou, en tant que chef d’Etat nouvellement élu, le 11 septembre 2009 (notre photo montrant la visite éclair de 12 heures effectuée le 11 septembre 2009 à Brazzaville par le chef de l’Etat gabonais), BOA s’était entendu dire par Sassou de ne pas travailler avec Afrique Education. Très surpris (par cette injonction), BOA, une fois de retour à Libreville, avait demandé à l’actuel ambassadeur du Gabon en France, Germain Ngoyo Moussavou, de téléphoner à Afrique Education pour demander ce qui se passe, exactement, entre le directeur de ce magazine et le président du Congo.

Pour la petite information à l’endroit de Ya Maixent, Afrique Education est le magazine étranger (de loin) le plus lu au Congo-Brazzaville, et le plus recherché. De l’aveu même de l’entourage de Sassou, la présidence congolaise a perdu la bataille de la communication à cause d’Afrique Education. Ce n’est un secret pour personne que les plus grands lecteurs d’Afrique Education, ce sont les ministres et les parlementaires congolais du PCT, avant même les dirigeants de l’opposition. Le dictateur, lui-même, ne rate pas un (seul) numéro d’Afrique Education. Quand on lui apporte le magazine, avant de le parcourir, parfois, il demande : « qu’est-ce qu’on a encore dit sur moi dedans » ?

En rencontrant les 5 journalistes gabonais pour les monter contre Afrique Education, Maixent Accrombessi ne leur a pas dit toute la vérité, en l’occurrence, que les deux parties (présidence du Gabon et Groupe Afrique Education) se connaissent, parfaitement, depuis de très longues années, que le contrat dont il leur a parlé (en partie) existe bien, qu’il a été reconduit par BOA (ce que Accrombessi a omis de dire aux cinq journalistes missionnés) et que, lui, Accrombessi, en personne, avait commencé à le payer, et l’a fait, jusqu’en avril 2011 (preuve que ce contrat a été reconduit), avant d’arrêter, subitement, les paiements, pour des raisons inconnues. Il leur a, aussi, caché ce point important.

Pour revenir au voyage d’Oyo, le problème à résoudre, et qui est important pour les émergents dont Accrombessi, c’est le sauvetage de BOA de sa noyade programmée. Tous les Gabonais soupçonnent ce que BOA est parti demander au dictateur congolais : l’aider à résoudre son épineux problème d’acte de naissance, problème qui est devenu insoluble à cause de l’inconséquence d’Accrombessi qui, dans son intelligence suprême, avait cru bon de renvoyer paître Pierre Péan quand celui-ci avait fait savoir qu’il voulait sortir un livre à charge sur le président gabonais.

Mais, il y a, aussi, la crainte de BOA que Jean Ping et Guy Nzouba Ndama obtiendraient de substantiels financements de campagne de Brazzaville. Voilà pourquoi le BOA a perdu le sommeil. Et l’appétit !

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