PEDOPHILIE DANS L’EGLISE : Rejet de l’appel du cardinal australien George Pell contre sa condamnation

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La justice australienne s’est prononcée, mercredi, 21 août, sur l’appel formé par le cardinal, George Pell, contre sa condamnation pour agressions sexuelles sur des enfants de chœur : l’ancien numéro 3 du Vatican « continuera à purger sa peine de six ans d’emprisonnement ». Pendant ce temps, le Vatican qui l’a déchu de ses fonctions administratives, poursuit sa propre et longue enquête.

La Cour suprême de l’Etat australien de Victoria a rejeté l’appel du cardinal, George Pell, contre sa condamnation pour agressions sexuelles contre des enfants de choeur dans les années 90, et l’a maintenu en détention. 

« Il continuera à purger sa peine de six ans d’emprisonnement », a annoncé la juge, Anne Ferguson, en rejetant une série d’appels interjetés par les défenseurs du prélat de 78 ans, ancien numéro trois du Vatican. 

En costume sombre, le prélat de 78 ans a comparu devant la Cour suprême de l’Etat australien de Victoria à Melbourne, baissant, régulièrement, la tête pendant que la juge, Anne Ferguson, lisait la décision rejetant son appel. La foule massée a l’extérieur a salué le verdict avec des applaudissements, qui ont été entendus jusque dans la salle d’audience.

La juge Ferguson a déclaré que le cardinal Pell serait admissible à une libération conditionnelle dans trois ans et huit mois, bien qu’il puisse encore former un nouveau recours devant la Haute Cour d’Australie.

Plus haut représentant de l’Eglise catholique jamais condamné pour viol sur mineur, le cardinal, qui clame son innocence, a été reconnu coupable, en décembre, de cinq chefs d’accusation, notamment, d’avoir imposé une fellation, en 1996, à un garçon de 13 ans, et de s’être masturbé en se frottant contre l’autre.

« Pour de nombreux survivants (d’agressions sexuelles), une condamnation prononcée contre un agresseur tout-puissant et très en vue accroît la confiance dans la conduite de la justice et la possibilité de dénoncer », a réagi Pam Stavropoulos de la Fondation australienne, Blue Knot, un groupe de défense des enfants victimes d’abus sexuels.

Les avocats du cardinal avaient soulevé 13 objections pour contester la condamnation, en soutenant, notamment, qu’il était « physiquement impossible » que les faits allégués aient été commis par le prélat alors que la cathédrale était bondée.

Ils ont émis des doutes sur l’ensemble du jugement, qu’il s’agisse de la chronologie des faits ou de la possibilité matérielle pour George Pell d’avoir commis les agressions dans l’encombrante tenue sacerdotale dont il était vêtu alors qu’il venait de célébrer l’office.

Surtout, ils estiment le verdict « déraisonnable », car basé, exclusivement, sur le témoignage d’une des victimes. L’autre est décédée, en 2014, d’une overdose, sans jamais avoir affirmé avoir été victime d’une agression.

Lisa Flynn, avocate du père de la victime décédée a déclaré qu’« un poids avait été levé ». « Il estime que justice a été rendue aujourd’hui. Il est vraiment soulagé que George Pell soit derrière les barreaux ce soir  », a ajouté l’avocate.

Les trois juges ont, également, rejeté, à l’unanimité, deux arguments de la défense du cardinal invoquant des erreurs de procédure au cours de son procès.

Ses avocats ont, notamment, soutenu qu’ils auraient dû être autorisés à montrer une reconstitution animée des allées-venues dans la cathédrale aux moments des agressions. A la suite de la décision de mercredi, le premier ministre australien, Scott Morrison, a exprimé sa sympathie aux victimes. Il a déclaré que les « tribunaux avaient fait leur travail » et indiqué que le cardinal Pell serait déchu de sa médaille de l’Ordre d’Australie.

Avant sa disgrâce cette année, le cardinal Pell avait connu une ascension rapide. Nommé archevêque de Sydney en 2001, il était entré, en 2003, dans le puissant Collège des cardinaux et siégeait aux conclaves qui ont élu, successivement, les papes Benoît XVI et François (sur notre photo le cardinal George Pell avec le pape Benoît XVI).

Tout juste élu, le pontife argentin l’avait choisi, en 2013, pour faire partie du conseil de neuf cardinaux (C9) chargé de l’aider à réformer la Curie, le gouvernement du Vatican. En 2014, il était, ensuite, devenu secrétaire à l’Economie, véritable numéro trois du Vatican.

Depuis sa condamnation, le cardinal Pell a été relevé de sa fonction de responsable financier du Vatican et perdu sa place dans le C9. Le Vatican a ouvert sa propre enquête sur Mgr Pell qui pourrait, au final, être défroqué.

Avec AFP

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