PRESIDENTIELLE AU BURKINA FASO : L’opposition accepte la victoire du président sortant sans contestation (Une leçon pour les oppositions africaines)

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Le Burkina Faso ne cessera jamais d’étonner l’Afrique. Comme un jeu, mais très décidé, ce peuple, exaspéré, avait mis fin au long règne de Blaise Compaoré à la tête de l’Etat, en octobre 2014. Alors qu’il était sous la protection d’une garde prétorienne de loin la plus entraînée et la plus équipée du pays. Roch Marc Christian Kaboré, président (démocratiquement) élu, en 2015, après une transition d’un peu plus d’un an, vient de se faire réélire pour un deuxième mandat de 5 ans, au lendemain d’une confrontation loyale et régulière qui l’a opposé à des adversaires pour le moins coriaces mais qui n’ont pas eu l’assentiment de la majorité de l’électorat. Signe de la maturité de la démocratie burkinabé : les résultats provisoires proclamés par la CENI n’ont guère été contestés par les candidats concurrents qui, tour à tour, reconnaissent leur défaite quand ils n’adressent pas, purement et simplement, leurs félicitations au président réélu. C’est une telle attitude qu’on attend des autres pays africains (surtout) francophones.

Les Burkinabé forment un peuple complexe. Alors qu’ils accusaient le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, d’être notoirement incapable de lutter efficacement contre le djihadisme, qui a complètement déstabilisé le Nord du pays, alors qu’ils ne lui reconnaissaient pas un bon bilan socio-économique à la tête du pays, ils l’ont tout de même réélu à 57,87 des suffrages exprimés dès le premier tour. C’est ce qu’on appelle en Afrique de l’Ouest, « le Coup KO », pas à la Ouattara qui l’a obtenu après avoir éliminé 40 prétendants sur 44, mais à la Kaboré qui surprend tous ses adversaires qui s’attendaient à un second tour pour se regrouper contre lui.

D’où sa réaction toute de modestie : «C’est avec humilité et émotion que j’accueille les résultats annoncés ce jeudi (26 novembre) par la CENI qui me donnent vainqueur à la présidentielle ». Avant de faire preuve de reconnaissance à l’endroit du peuple burkinabé : « J’exprime ma reconnaissance à la nation. Je salue et félicite l’ensemble des candidats à cette élection. Je salue leur fair-play. Je mettrai tous mes efforts pour une concertation permanente pour travailler pour la paix et le développement de notre pays ».

Le premier mandat était en partie consacré à l’apprentissage du métier de président de la République. Car les deux premières années, Roch Marc Christian Kaboré se comportait comme un illustre apprenti à la fonction présidentielle qu’il était. Mais, après avoir habité cette fonction, pour ce deuxième et dernier mandat (car on ne le voit pas en train de manœuvrer pour effectuer un 3e mandat), il va travailler avec le soin de laisser son nom dans l’histoire du Burkina Faso. C’est le mal qu’on lui souhaite.

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