PRESIDENTIELLE CONGO-BRAZZAVILLE : Comment le dictateur cherche à reprendre la situation en main

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Après avoir fait planer le doute sur son voyage au Niger, le dictateur a fini par s’y rendre, ce matin, pour assister à l’investiture du président réélu, Mahamadou Issoufou. C’est hier qu’il voulait rallier le Niger, mais, il a craint de ne pouvoir plus rentrer au Congo, comme ce fut le cas pour le président centrafricain, Ange Félix Patassé, un certain 15 mars 2003. Le coup d’état eut lieu chez lui alors qu’il assistait au Sommet de la Censad, où il était l’invité spécial du frère guide, qui avait demandé à le réconcilier avec son autre frère, le président, Idriss Déby Itno. Niamey est, donc, une capitale qui peut porter malheur. Atteint par la « phobie du coup d’état », le dictateur ne pouvait pas ne pas en tenir compte.

Pendant ce court séjour, à Niamey, (son retour au Congo était prévu le même jour en début de soirée), le dictateur a pu s’entretenir avec ses homologues venus assister à la même cérémonie et réclamer leur soutien. Il en a beaucoup besoin. Il ne faut, donc, pas s’étonner que, dès lundi, ne commencent à pleuvoir des messages de félicitation, venant surtout des pays de l’Afrique de l’Ouest, pour sa victoire usurpée à la présidentielle du 20 mars. Il travaille, activement, pour cela.

En Afrique centrale, le dictateur a, déjà, reçu les messages de félicitation de ses homologues du Cameroun, du Gabon et de la Guinée équatoriale. Aujourd’hui, il en fait un trophée.

José Eduardo dos Santos, de son côté, a, également, fait parvenir un message de félicitation, tout comme le Sud-Africain, Jacob Zuma.

On suppose que le 6 avril prochain, au Bénin, en marge de l’investiture de Patrice Talon, à laquelle il a été convié, il continuera son incessant lobbying pour recueillir d’autres lettres de félicitation qu’il ne manquera pas de brandir, le moment venu, comme preuve de reconnaissance de son régime à l’international.

Sur ce genre de question, le dictateur s’est toujours montré, très expérimenté, d’autant qu’il sait utiliser la diplomatie du chéquier.

Pendant qu’il entreprend cette offensive diplomatique, en Afrique (parce que celle-ci ne passe pas du tout dans les pays occidentaux, ni même auprès de l’Union africaine où Gakosso a ramassé une gamelle chez Mme Zuma), il reste, particulièrement, actif sur le plan intérieur. Car c’est le terrain où tout se jouera au final. Après avoir approché un des trois grands candidats du Sud qui a opposé une fin de non recevoir à sa demande de ralliement, malgré des espèces sonnantes et trébuchantes mises sur la table, il a tendu la perche à un deuxième, qui lui aurait, aussi, dit NIET. Sassou sait bien que les 5 Grands candidats de l’opposition avaient signé une Charte de solidarité, une idée portée par la très stratégique Claudine Munari. Et que, sous la coordination du professeur, Charles Zacharie Bowao, l’opposition demeure (et sera) insondable et impénétrable comme le sont les chemins du Vatican.

Cela dit, il continue d’exercer son sport favori : la violence. Celle-ci s’exerce tous les jours sur les dirigeants de l’opposition et de la société civile. Après avoir enfermé Paulin Makaya pour le réduire au silence, l’empêchant de se présenter à la présidentielle, Sassou s’en prend, maintenant, ouvertement, à tous ceux qui s’opposent à son passage en force électoral. Les responsables de campagne des candidats André Okombi Salissa (cet enfant terrible qu’il n’a pas pu retourner malgré plusieurs tentatives), Jean Marie Michel Mokoko et Parfait Kolelas, souffrent pour être dans le viseur d’Okemba et de Ndenguet, deux tristes individus de réputation sinistre, qui auraient intérêt à vite traverser le fleuve, le jour où ça tournera mal pour leur protecteur de dictateur.

Cette nuit de vendredi à samedi, c’est l’opposant, Joe Washington Ebina, qui a vu son hôtel défoncé à 3 heures du matin par les policiers et militaires qui disent être à la recherche des mercenaires. C’est comme si un mercenaire digne de ce nom, peut rester dormir, tranquillement, dans un hôtel douillet, et se faire cueillir par de petits flics minables, qui ne savent montrer leur force que sur des pauvres civiles sans armes.

Sassou sait que c’est fini pour lui. En homme expérimenté, il voit sa fin venir. Il veut cependant forcer le destin, chose qui est permise à tout être humain. A l’opposition de ne pas dormir sur ses lauriers et de maintenir la pression, car la communauté internationale, même si elle a fini par se taire devant le dictateur, est loin, très loin, d’avoir abdiqué. Elle a le dictateur dans son viseur et ne le ratera pas dès que l’occasion sera provoquée.

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