Le Ministre burkinabè de la Défense, Chérif Sy, a incriminé l’ex-président de l’Assemblée ivoirienne, Guillaume Soro, dans son témoignage, mercredi, 13 mars, au procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso.
Selon Chérif Sy, qui était à l’époque du putsch, président du parlement intérimaire burkinabè, Guillaume Soro a « reconnu », devant lui, la véracité d’une écoute téléphonique dans laquelle ce dernier semble affirmer son soutien au putsch.
Selon l’accusation, cette écoute a capté une conversation téléphonique entre Guillaume Soro et le général, Djibrill Bassolé (notre photo), l’un des principaux accusés du procès.
La défense de M. Bassolé réfute la véracité de cette écoute, qui est l’une des pièces maîtresses du procès du coup d’état manqué du 16 septembre 2015, qui a fait 14 morts et 270 blessés.
Guillaume Soro a « reconnu personnellement le contenu des écoutes » en « me faisant des aveux », à Paris, en octobre 2015, en marge d’une rencontre des parlements francophones, a déclaré, à la barre, Chérif Sy.
Lors de la tentative de coup d’état, Chérif Sy avait lancé un appel à la résistance sur les ondes d’une radio pirate, s’attirant les foudres des putschistes.
Les putschistes « avaient arrêté le président de la transition et le premier ministre. De facto j’assumais les fonctions de président du Faso », a-t-il expliqué, affirmant avoir motivé par son appel, le mouvement des jeunes officiers venus de l’intérieur du pays pour mettre fin au putsch.
Un régime de transition avait été mis en place au Burkina Faso après la chute du président, Blaise Compaoré, chassé par une insurrection populaire, fin 2014, après 27 ans au pouvoir.
Le général Bassolé, ancien chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, est accusé de « trahison, complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres » lors du putsch. Il est poursuivi sur la base de cette écoute.
Ses avocats, ainsi que, Guillaume Soro ont, toujours, qualifié cette conversation, largement, diffusée dans les médias de « montage ».
« La grande question c’est de savoir comment un grand responsable de ce niveau peut en accoster un autre et parler de choses aussi graves en s’accusant », a demandé Me Dieudonné Bonkoungou, l’un des avocats de M. Bassolé.
Ce dernier, âgé de 62 ans, a été évacué, mercredi, 6 mars, en Tunisie, pour des raisons sanitaires.
Au total, 84 accusés sont jugés, depuis février 2018, dont le général, Gilbert Diendéré, principal accusé et cerveau présumé du coup de force manqué.