La Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH), l’association Survie-France, la Ligue des droits de l’homme (LDH), la Communauté rwandaise de France (CRF), le Collectif des parties civiles, ont déposé une plainte, avec constitution de partie civile, contre le politologue et écrivain camerounais, Charles Onana, sous le chef de « négation de crime de génocide des Tutsi ». Visiblement, le dictateur rwandais qui a obtenu 99,18% lors de l’élection présidentielle du 15 juillet, veut tout écraser sur son passage. Si Afrique Education, dans son numéro 535-536 d’août-septembre pense qu’il est « né avant la honte », rien ne semble freiner l’ardeur dévastatrice de ce génocidaire, qui ne doit sa liberté que grâce aux complicités dont il bénéficie, encore, sur le plan international, notamment, en Occident. Charles Onana n’échappe pas à sa furie au regard du concentré d’organisations des droits de l’homme, les plus en vue sur la place parisienne, toutes proches de Paul Kagame, qui l’attaquent devant la justice française. Le dictateur rwandais veut-il scalper (comme il en a le secret) ce jeune écrivain-politologue qui ne l’épargne pas beaucoup dans ses écrits ? C’est l’impression qui se dégage quand on connaît la ténacité de la haine du président rwandais.
En dehors de Human Rights Watch, Amnesty International et quelques autres bien connues, plusieurs grandes associations ont répondu à l’appel du dictateur.
Le procès aura lieu devant le Tribunal correctionnel de Paris les 7, 8, 10 et 11 octobre prochain. La plainte vise le livre retentissant de Charles Onana paru en 2019 aux Editions de l’Artilleur intitulé Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise – Quand les archives parlent, un ouvrage préfacé par le colonel, Luc Marchal, commandant des casques bleus de l’ONU en 1994 au Rwanda. Le colonel, Marchal, qui était en 1994 chargé de la sécurité de la ville de Kigali et qui a vécu directement la descente aux enfers du Rwanda, sera à la barre pour soutenir Charles Onana dont il dit que la méthode novatrice d’analyse « éclaire l’ensemble de la problématique du Rwanda (…) avec la rigueur scientifique, qui s’impose ». L’ouvrage de Charles Onana met en lumière les zones d’ombre du génocide et des massacres survenus au Rwanda et ce qu’il appelle « l’invasion masquée du Congo-Zaïre » dès 1994 par les rebelles dirigés par Paul Kagame. Selon lui, cette invasion a été minutieusement préparée en poussant massivement les réfugiés rwandais sur le territoire de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC) en vue de piller ses ressources minières. C’est à partir d’une analyse des cartes d’états-major de la CIA, de l’armée belge et de la direction du renseignement militaire français que Charles Onana découvre que l’invasion du Congo avait déjà commencé en 1994 pour se poursuivre en 1997 avec la chute du président, Mobutu Sese Seko.
Ce livre avait provoqué l’éviction du journaliste congolais, Jacques Matand, de la BBC après une interview de Charles Onana. Finalement, le journaliste congolais a gagné son procès contre la chaîne britannique, la justice ayant conclu qu’il n’avait commis aucune faute professionnelle et ayant imposé son dédommagement. Le même livre va à nouveau défrayer la chronique devant la justice française, cette fois, pour un motif qui n’a pourtant rien à voir avec le sujet qu’il traite. L’objectif des plaignants est de tenter d’interdire le livre de Charles Onana et de discréditer l’auteur pour éviter qu’il diffuse ses recherches basées sur de nombreux documents issus du Conseil de sécurité de l’ONU, des archives de la Maison Blanche et du Pentagone, mais aussi, des archives de l’Elysée, qui prouvent le véritable rôle de Paul Kagame dans la tragédie des Grands Lacs africains où les morts se comptent, désormais, par millions, en plus des centaines de milliers de femmes violées et d’enfants traumatisés.
Paul Kagame et l’Etat rwandais avaient déjà déposé une plainte en 2002 devant la 17e Chambre à Paris contre Charles Onana pour son livre, Les secrets du génocide rwandais, co-écrit avec un rescapé tutsi du génocide, Déo Mushayidi, ancien membre du Front patriotique rwandais (FPR) et ami personnel de Charles Onana, aujourd’hui, emprisonné à perpétuité au Rwanda. Paul Kagame et l’Etat rwandais avaient retiré leur plainte après les offres de preuve produites par Charles Onana et son avocat. Cet ouvrage avait largement été utilisé par les avocats devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Respecté pour ses recherches et son travail dans de nombreux pays, Charles Onana a été, officiellement, reçu, en 2005, par le procureur, Carla del Ponte, à La Haye, qui lui a fait des révélations sur l’attitude de Paul Kagame au sujet des enquêtes spéciales que son bureau avait conduites contre les Tutsis de l’Armée patriotique rwandaise (APR) dirigée en 1994 par celui qui règne sur le Rwanda depuis plus de 30 ans. Malgré l’image attractive que ce régime parvient à donner à l’extérieur, un consortium de 50 journalistes issus de 17 médias et de 11 pays différents, s’est, récemment, penché sur les pratiques du pouvoir rwandais. Les révélations de l’enquête, Rwanda Classified, sont sans équivoque : « intimidations, menaces ou tentatives d’assassinat pour faire taire toutes les voix critiques, que ce soit au Rwanda ou à l’étranger ». A ce stade, les associations, qui poursuivent Charles Onana et son éditeur oseraient-elles porter plainte contre le régime de Paul Kagame pour son action avec le M23 en République démocratique du Congo, prouvée et bien documentée par les experts de l’ONU, alors qu’elles prétendent défendre les droits de l’homme ?