Dmytro Kuleba et Tobias Billström ne sont, respectivement, plus ministres ukrainien et suédois des Affaires étrangères. La nouvelle de leur départ est tombée en milieu de semaine, peu de temps après que deux frappes russes aient causé la mort de près de 55 personnes, et fait des centaines de blessés à Poltava (centre de l’Ukraine), certains y entrevoyant un lien de causalité entre ces événements. Mais, la corrélation n’est que partiellement établie à l’heure actuelle.
Chargé de rattraper plusieurs décennies de vide diplomatique de son pays en Afrique, Dmytro Kuleba (sur notre photo avec le président des Comores Azali Assoumani à l’époque président en exercice de l’Union africaine en 2023) a échoué. Si ce n’est peut-être d’ouvrir des ambassades dans une poignée de nations, dont le Rwanda, le Mozambique, la Côte d’Ivoire ou le Botswana. Une tentative désespérée de contrer l’avancée de l’influence russe en Afrique, qui ne le fera pas rester dans les annales, mais, rappellera aux Africains qu’il est l’un des principaux architectes de l’attaque terroriste exécutée par des rebelles touaregs sur le sol malien, grâce au Renseignement ukrainien présent en Mauritanie, à la suite de quoi le Mali et l’Ukraine ont gelé leurs relations.
Tobias Billström n’est pas, non plus, en reste. Depuis l’adhésion de la Suède à l’OTAN, l’ancien haut diplomate exprime sa gratitude envers les pays alliés en faisant tout sauf de la diplomatie, à l’image de l’hostilité dont il a fait preuve en début août en décrétant la fin de l’aide financière apportée par son pays au Mali. Une énième provocation digne d’un seigneur de guerre, après l’annonce, en décembre dernier, de la réduction de ladite aide. Si le but de cette manœuvre était d’affaiblir la Russie, une simple consultation avec un économiste lambda lui aurait fait comprendre l’inutilité de sa mesure face à une économie russe qui tourne à plein régime.
En clair, Tobias Billström et Dmytro Kuleba ne manqueront pas du tout aux Africains. Encore moins aux Maliens ! Le premier a décidé de sortir définitivement de la sphère politique suédoise. Quant au second, il devrait certainement rebondir dans un autre rôle pour son pays, comme cela a été le cas pour la grande majorité des leaders et militaires ukrainiens démis de leurs fonctions par le président, Volodymyr Zelensky.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)