Quelle indignité ! Pourquoi luttait-il ou faisait-il semblant de lutter ? Tout ça pour ça, a-t-on besoin de se demander ? Succès Masra a été désigné premier ministre du Tchad, lundi, 1er janvier 2024, par le président de transition tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno. Incroyable, inimaginable ! Le président du parti Les Transformateurs, l’un des principaux groupes politiques d’opposition (du moins se disait-il comme tel), avait appelé son camp à voter « oui » au référendum pour une nouvelle constitution tchadienne promulguée vendredi.
« Le Docteur Succès Masra est nommé premier ministre, chef du gouvernement de transition », a annoncé sur la chaîne de télévision d’Etat, le secrétaire général à la présidence de la République, Mahamat Ahmat Alabo.
Le président du parti, Les Transformateurs, avait été parmi les plus virulents opposants au pouvoir militaire en place au Tchad, depuis deux ans et demi, après la mort du maréchal d’opérette, Idriss Déby Itno, en avril 2021, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis trente ans.
Succès Masra avait publiquement appelé son camp à voter « oui » au référendum pour une nouvelle constitution promulguée, vendredi, 29 décembre, étape clé censée ouvrir la voie à des élections.
Mais, pour une partie de l’opposition et de la société civile, le résultat de ce scrutin s’apparente à un plébiscite destiné à préparer l’élection du président de transition, le général, Mahamat Idriss Déby.
Le 20 octobre 2022, des manifestants, partis du siège des Transformateurs, avaient protesté contre le maintien des militaires au pouvoir, qui venaient de faire prolonger de deux ans une transition de 18 mois, au terme de laquelle ils avaient initialement promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections.
Une cinquantaine de personnes avaient été tuées ce jour-là, selon les autorités, entre une centaine et 300 selon l’opposition et des ONG locales et internationales.
Comme plusieurs autres leaders de l’opposition, Succès Masra avait été contrait de s’exiler quelques jours après et n’avait pu revenir dans le pays le 3 novembre qu’à la suite d’un accord de réconciliation signé, à Kinshasa, le 31 octobre. Le gouvernement s’engageait à garantir « le libre exercice de ses activités politiques » à Succès Masra, qui, lui, disait vouloir « continuer le dialogue (…) en vue d’une solution politique pacifique ».
Plusieurs partis de l’opposition avaient pris leurs distances avec Succès Masra, exprimant, également, leur désaccord sur l’amnistie générale prononcée pour « tous les Tchadiens, civils et militaires » impliqués dans les événements du « Jeudi noir ».
Conclusion, Saleh Kebzabo va passer un très mauvais début d’année du fait qu’il est dégagé, sans ménagement, de la primature par le général-président dont il était un simple faire-valoir. Il quitte la primature sans obtenir aucun gain politique ni pour lui-même, ni pour son parti. Kebzabo va sans doute se rendre compte comment il a fait du mal à la démocratie en acceptant de devenir premier ministre de Déby-Fils. Même s’il est connu au Tchad pour avoir toujours, dans le passé, roulé pour le maréchal-président. Mais, on pensait qu’avec la mort de ce dernier, il allait s’affranchir de cette encombrante tutelle. Que non, pauvre Kebzabo est resté un politique médiocre qu’on utilise comme un kleenex avant d’être jeté dans la poubelle.
Il en sera de même de Succès Masra. Qu’il n’espère pas mieux. Il va aider le président de transition à gagner l’élection présidentielle alors qu’il avait accepté de diriger la transition et de transférer le pouvoir à un président démocratiquement élu autre que lui-même. Que fait-il du sang versé par ses partisans qui le suivaient bêtement en octobre 2022 parce qu’il croyait en lui ? Avec des individus comme Masra, on est en droit de désespérer des politiciens africains. Honte à lui !