On sait désormais pourquoi le président du Kenya, William Ruto, accueille tous les acteurs de déstabilisation de ses voisins de la sous-région. En 2022, il avait donné son feu vert à la tenue d’un meeting à Nairobi entre divers rebelles au régime de Kinshasa. Avant de faire encore pire début 2025, en s’alliant carrément avec Hemedti, l’ennemi juré des autorités soudanaises. Un rapport de SwissAid éclaire sur la raison de ses agissements troubles à l’égard de ses homologues soudanais et rdcongolais.

Selon SwissAid, le Kenya est l’une des principales plaques tournantes africaines d’or illicite. Celui-ci y transite venant du Soudan du Sud, de la RDCongo, du Soudan et d’autres contrées proches actives dans l’exploitation aurifère. Malgré le refus de coopérer des autorités kényanes à la requête d’informations en vue de l’obtention de statistiques, les chercheurs de SwissAid ont pu évaluer à 2 millions de tonnes le volume annuel d’or illicite transitant par le Kenya.

Cette estimation tranche, par exemple, nettement, avec les 672 kg avancés en 2023 par le gouvernement de Nairobi. Un écart d’environ 1.33 tonne qui apparaît parmi les importations d’autres destinations, telles que les Emirats arabes unis. Avec ce genre de deal en place, voir Nairobi se rapprocher d’Abou Dhabi, et aussi approuver la scission du Soudan en deux, voulue par Hemedti, tout en occupant la chaire de la présidence tournante de la CAE, est gravissime.

Mais, le président kényan est fidèle à lui-même. Pour l’avoir vu accueillir des opposants rdcongolais à Nairobi, et brandir l’argument démocratique en justification de son ineptie, Afrique Education s’était fait une bonne idée du personnage. William Ruto n’a les yeux que pour ses propres intérêts. Si Félix Tshisekedi a effectivement passé l’éponge pour son ingérence dans les affaires internes de Kinshasa, le dirigeant rdcongolais devrait, toutefois, rester sur ses gardes.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)